Comme un krach, mais en pire

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Chère lectrice, cher lecteur,

« On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va » disait Prévert.

C’est beau, un peu triste, et c’est vrai aussi pour les marchés.

À quoi reconnait-on la fin de cette longue période haussière qui a traversé la décennie 2010 ?

Au concert de hurlements qui accompagne son début.

Et ça ne vous a pas échappé, nous sommes en plein dedans.

Ce n’est pas un krach, c’est un bear market

La première étape du deuil, c’est le déni.

Ainsi, voilà plusieurs mois que les marchés, les investisseurs, les politiques… entretiennent tous ensemble leur belle illusion collective : le marché souffre temporairement à cause de la guerre en Ukraine, comme s’il s’agissait d’un « krach glissé » qui s’étale un peu plus que d’habitude…

Sauf que non.

Un krach, ça ressemble à ça :

Et un marché baissier, ça ressemble à ça :

Autant vous dire que pour du « glissé », c’est du glissé… Tellement glissé que ça fait maintenant 6 mois qu’il s’étale, ce krach.

Alors forcément, le narratif s’use… et on finit par regarder les choses en face : ce n’est pas une chute brutale induite par un événement isolé, suivie d’un fort rebond.

C’est une lente décomposition, quoique l’inclinaison de la courbe reste prononcée.

C’est donc un marché baissier… qui baisse fort.

C’est ça, notre réalité, et au plus tôt on l’accepte, au mieux on s’en sortira et meilleures seront nos décisions d’investissement.

Inflation, stop ou encore

Il y a quelques semaines, on remarquait un léger ralentissement dans la hausse de l’inflation… et nombre d’analystes ont commencé à fêter ce qu’ils pensaient en être le « pic ».

Il y a environ 3 semaines, dans ma lettre « Est-ce que ça va mieux ? », je disais ceci :

Je suis bien content d’avoir été prudent là où tout le monde commençait à danser sur les tables… car aujourd’hui, je peux vous écrire fièrement.

Je ne me suis pas planté.

Ce n’est jamais drôle d’être le « Sam » de l’équipe, de rester sobre et mesuré quand tous les autres s’enivrent de signaux qui n’en sont pas.

Mais j’ai bien fait de ne pas vous dire « détendez-vous, c’est fini la crise » – vous imaginez l’ascenseur émotionnel ?

Pour rappel, après cette très brève accalmie qui a fait s’emballer tous les observateurs, l’inflation est repartie de plus belle pour dépasser 8,6% aux USA sur les 12 derniers mois.

Après la fête improvisée, gueule de bois générale

Ce mercredi, la FED a logiquement annoncé une nouvelle hausse des taux – mais cette fois, de 0,75% au lieu des 0,5% prévus.

Pour que vous compreniez bien l’importance de ces 0,25% d’écart, il faut que vous sachiez ce qu’on risque à trop monter les taux : une violente récession.

En fait, c’est comme Charybde et Scylla qui occupent les deux rives du détroit de Messine, dans l’Odyssée : peu importe la trajectoire choisie par Ulysse, il doit se confronter à l’un des deux monstres.

Ici, si on n’augmente pas assez vite les taux, ni assez fort… l’inflation va continuer de grimper et vite devenir hors de contrôle.

Je vous expliquais dans mon article sur la psychologie inflationniste que plus d’inflation = plus d’inflation, c’est un des pires cercles vicieux qui existe.

De l’autre côté du détroit, si on monte les taux trop fort, on va casser la machine économique.

Avec des taux d’intérêts trop élevés, l’investissement et la consommation plongent, l’économie perd sa portance, et on peut dire au revoir à la croissance.

Mais contrairement à Ulysse qui pouvait choisir le monstre qu’il allait combattre, l’économie mondiale est un billard à plusieurs bandes dans lequel chaque décision n’entraîne pas forcément la conséquence attendue

Tout le monde s’y met, même les Suisses

La FED aux États-Unis a monté ses taux… Puis la Banque d’Angleterre a suivi, ainsi que Taïwan… et, plus surprenant encore, la Banque Nationale Suisse !

Les taux d’intérêts en Suisse sont passés de -0,5% à -0,25%, ce qui n’était absolument pas prévu.

Il faut dire que l’économie suisse n’est pas celle qui a le plus souffert, et qu’au regard des stratégies d’évitement de la zone euro quand il s’agit de monter les taux, on aurait pu s’attendre à davantage de frilosité chez nos amis helvètes…

L’indice suisse SMI a pris un léger coup suite à cette annonce, mais dans la foulée on a surtout vu l’euro plonger vers la parité avec le franc suisse :

Ce qui m’amène à un dernier point, sur lequel j’aimerais attirer votre attention car il vous concerne directement.

Un mojito, Christine ?

L’économie européenne n’est pas au beau fixe. Ça, vous le saviez.

Non seulement elle est davantage fragilisée que les US par la guerre en Ukraine, notamment pour des questions énergétiques

Non seulement elle était déjà avant toutes ces crises (covid, Ukraine, etc) moins innovante et plus atone que les US…

Mais désormais, c’est notre monnaie qui risque de se faire grignoter, car la BCE joue une comédie incompréhensible qui nous expose à un très fort risque d’inflation incontrôlée.

La FED est debout sur les freins, et chez nous à la BCE, Christine Lagarde est… en vacances ? En RTT ? Elle fait le pont ?

Je vous avoue que je l’ignore.

Ce que je sais en revanche, c’est que si elle voulait couler l’euro et appauvrir 340 millions de personnes, elle ne s’y prendrait pas autrement.

Autant vous dire que j’espère qu’elle est en train de descendre des mojitos sur une plage au Mexique…

Car si ne rien faire est sa politique monétaire active et choisie, c’est extrêmement préoccupant.

Pour rappel, la zone euro prévoit de monter ses taux de 0,25% en juillet, après des mois de déni durant lesquels Christine Lagarde n’a pas arrêté de dire que l’inflation n’était que transitoire et sous contrôle.

Jusqu’ici, nous n’avons rien fait… nous allons (trop) légèrement obliquer en juillet, même les Suisses le font avant nous… Les Américains en sont déjà à 2 rounds…

Mais non, il ne faudrait pas s’inquiéter.

J’ignore par quel miracle ces pitres de la BCE imaginent pouvoir dompter l’inflation.

Toujours est-il qu’à ce stade, l’euro risque de perdre davantage de sa valeur que les autres monnaies, gérées par des gens (un peu) moins incompétents que chez nous.

OK. On fait quoi ?

Vous avez des euros, bientôt ils vaudront beaucoup moins que ce qu’ils valent en ce moment…

Alors peut-être vaut-il mieux diversifier ses actifs et n’avoir pas que des euros.

Même si, en ce moment, les actions et les cryptos plongent aussi.

Ma stratégie personnelle est de continuer à acheter des techs en cherchant les points bas de sociétés qui ont des fondamentaux ultra-solides…

Mais surtout, d’investir sur les matières premières, qui sont LE gros sujet du moment.

Non seulement à chaque % d’inflation supplémentaire, le prix des matières premières monte de 15% en moyenne…

Mais le secteur tout entier est entré en supercycle, une tendance qui devrait durer plusieurs années, selon des analystes de Goldman Sachs, JP Morgan et plusieurs grandes universités.

Si vous aussi, vous souhaitez investir sur le seul marché haussier du moment, je vous explique tout ici.

Amicalement,

Marc Schneider

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NORTH Michel
NORTH Michel
1 année il y a

Enfin quelqu’un qui sait tout mieux et avant tous les autres … Le problème est que je ne crois pas à ce genre d’affirmations témoins d’un ego plus que surdimensionné … Et évidemment, les hauts responsables surtout européens « sont des pitres » : ceci est un langage qui est du niveau d’une propagande politique populiste.
Donc le désabonnement semble s’imposer ….

Philippe Mercadal
Philippe Mercadal
1 année il y a

belle analyse…bravo

François Sieroo
François Sieroo
1 année il y a

Christine nˆy peut pas grand chose, même si elle fait peine à voir. LÊuro n‘aurait jamais dû voir le jour. C’est le fond du problème, qui ne fait que s’intensifier avec les mois et ans qui passent.