Les ultra-riches vendent leurs actions : krach en vue ?

Ce qu’il faut retenir de cette fin 2021

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Chère lectrice, cher lecteur,

En période de fêtes, on est moins rigoureux.

Sur ce qu’on mange, sur l’heure à laquelle on se couche, sur le programme des enfants… Il y a du laisser-aller.

Même dans des secteurs où ça ne devrait pas être le cas, d’ailleurs : une étude canadienne menée sur 15 ans a démontré que les malades admis à l’hôpital autour de Noël étaient renvoyés chez eux plus vite et que leur suivi ambulatoire était moins bon.

Ce qui, vous vous en doutez, se traduit par une légère surmortalité sur ces cohortes par rapport au reste de l’année.

Pourquoi je vous raconte ça ?

Parce que les irrégularités de fin d’année sont aussi fréquentes en Bourse, et que les derniers mois de 2021 nous donnent beaucoup de signaux pour la suite.

Comme un crapaud dans une marmite

Voilà quelques semaines qu’on prend de sacrées secousses sur les marchés…

Et si la situation était déjà « chaude », là nous sommes proches du point d’ébullition.

Pourtant, la plupart des investisseurs ne l’ont pas senti venir… et maintenant, beaucoup sont coincés avec leurs positions perdantes sans savoir quoi faire.

En fait, ils sont comme ce crapaud dans le conte pour enfants :

D’abord il nage dans une marmite, l’eau est tiède… puis on rajoute une louche d’eau chaude, le crapaud trouve ça agréable.

Il se prélasse dans la marmite tandis qu’on ouvre le feu. L’eau chauffe et détend ses muscles.

À mesure que la température augmente, le crapaud s’étourdit, et commence à chauffer.

Puis c’en est trop, l’eau qui bout presque lui brûle la peau ; il essaie de sortir, de sauter hors de l’eau, mais c’est déjà trop tard.

Ses muscles sont ankylosés et sa peau cuit. Le voilà qui retombe au fond de la marmite.

J’ai déjà parlé de la situation des marchés il y a un moment, dans mes lettres Retour sur quelques semaines agitées et Le canari ne chante plus.

Aujourd’hui, je vais vous apporter quelques éléments supplémentaires.

Liquidations de fin d’année au-dessus de la norme

Une fièvre vendeuse s’est emparée des grandes fortunes et des institutionnels : en novembre dernier, les dirigeants et cadres de grandes entreprises cotées au NASDAQ ou au S&P500 ont vendu pour 63 milliards d’actions – dont 41 milliards pour le seul secteur de la Tech.

Si vous vous demandez si c’est lié aux récentes baisses des cours, c’est le cas. La pression à la vente fait descendre les cours.

Mais pourquoi de telles liquidations ? Voient-ils venir un krach avant tout le monde ?

En fait, ce n’est pas le déclencheur. C’est plutôt qu’ils ont vu venir les impôts : le grand plan de relance américain n’est pas gratuit… et l’État veut se renflouer.

Aussi, une réforme fiscale est en cours aux États-Unis, et l’un de ses points phares concerne la taxation des gains en capital non réalisés.

Ou pour le dire plus clairement : l’administration Biden veut taxer ceux qui détiennent des actions.

Alors les riches vendent leurs actions, même ceux qui n’en vendaient presque jamais : Brin et Page, les fondateurs de Google, ont vendu chacun pour plus d’1 milliard d’actions de leur entreprise…

Elon Musk a fait la même chose en vendant 10% de ses parts de Tesla après avoir soumis sa décision au vote sur Twitter – ce qui a fait dévisser le titre.

Bien sûr, les liquidations de fin d’année sont fréquentes… on « dégraisse » et on optimise avant la taxation.

Mais pour 2021, ces liquidations sont très au-dessus de la moyenne : Le montant des ventes des « insiders » pour novembre 2021 est 50% supérieur à 2020.

Est-ce juste une histoire de réforme fiscale ?

Les causes profondes restent les mêmes

Elon Musk n’a pas juste vendu 10% de ses actions Tesla pour éviter le matraquage fiscal : il a déclaré publiquement que le cours de son entreprise n’était plus en phase avec sa valeur réelle.

Et c’est peut-être ça, le problème.

Si vous regardez la tête du NASDAQ à 5 ans, vous voyez que l’accélération brutale de son cours s’est produite récemment… et qu’il va peut-être devoir « refroidir » un peu avant de repartir.

Car même si l’on est en plein boom technologique et que des dizaines de fleurons tech émergent chaque année, l’anticipation des marchés est peut-être allée un peu loin.

De nombreuses entreprises sont arrivées en Bourse gavées de cash, notamment à cause d’IPOs toujours plus tardives, de tours de tables et de levées de fonds toujours plus massives… pour des entreprises qui n’ont pas encore gagné d’argent, et dont les projets sont toujours incertains, contrariés par la pandémie, et n’ont pas encore changé le monde.

C’est ce que j’entends, par « refroidir » : les hypothèses fondamentales d’investissement sont justes pour la plupart des fleurons techs qui nous font fantasmer. Leurs projets sont enthousiasmants. Mais les institutionnels ont probablement misé dessus trop vite et trop fort.

Cela ne signifie pas que ces boîtes vont échouer… juste qu’il est possible que nous traversions creux et turbulences avant que les hausses reprennent.

Quand la marée baisse, mieux vaut porter un slip

Warren Buffett a coutume de dire que « c’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent tout nus ».

Si elle me fait sourire, cette citation n’en est pas moins sérieuse : en période de croissance euphorique, même de piètres investisseurs peuvent gagner des fortunes.

Ce n’est pas compliqué : quand tout monte, vous pouvez bien investir au hasard…

Mais c’est quand la marée descend, qu’on voit ceux qui investissent sérieusement et pour de bonnes raisons… alors que les autres se retrouvent tout nus. Quand il n’y a plus de croissance soutenue, plus d’argent magique, en bref : que l’on revient au réel.

Et si je vous parle de ça, c’est parce que justement, la fête semble bientôt finie.

Dans mon message Le canari ne chante plus, je vous expliquais que la FED prévoyait :

• De réduire puis d’arrêter son programme de rachat d’actifs en soutien à l’économie
• D’augmenter ses taux directeurs

En clair : moins d’intervention étatique dans l’économie.

On devrait donc bientôt voir qui sait nager sans brassards… et qui va se noyer.

D’ailleurs, tout est tellement incertain que dans ce même message, je vous parlais de l’aplatissement de la courbe des taux, un indicateur assez fiable… du niveau de confusion dans lequel on baigne.

Mais alors, on achète ou on vend ?

Je ne suis pas là pour vous dicter ce que vous devez faire.

Mon objectif, à travers ces derniers messages d’analyse de l’actualité, est simple :

• Identifier les points-clés de l’actualité et les infos qui comptent
• Vous apprendre à lire entre les lignes et repérer les signaux faibles
• Vous enjoindre à rester alerte et prudent sur vos investissements.

L’année 2022 sera très incertaine, et vous vous demandez que faire de vos positions.

À titre personnel, je vais continuer à investir sur des projets qui vont changer le monde.

Ceux qui ont étudié l’économie le savent : il y a le conjoncturel, lié aux contingences du présent, et il y a le structurel, lié à la trajectoire de long-terme que prend l’humanité.

Ces projets-là, lié à la structure de nos civilisations, souffriront comme les autres des remous du marché… Mais dépendant des tendances de fond, ils finiront très certainement par remonter à la surface.

En guise de conclusion, et pour appuyer ce dernier point, un autre éclairage : Jeff Bezos et Mark Zuckerberg eux aussi ont vendu des titres…

Mais pas pour éviter l’impôt ou le krach.

Ils ont vendu pour avoir du cash à injecter dans leurs nouveaux projets : conquête spatiale pour l’un et construction du Metaverse pour l’autre.

Vous comprenez pourquoi je crois qu’il est urgent de se pencher sur l’entreprise qui construit le Metaverse et fait rêver Mark Zuckerberg…

Il y aura toujours de nouveaux projets et de gros coups à faire.

Amicalement,

Marc Schneider