Billet Dan Ferris du 25/08/2023

À quelques jours de la prochaine “faillite soudaine”

Chère lectrice, cher lecteur,

“Progressivement, puis soudainement…” C’est ainsi qu’Ernest Hemingway a décrit le processus de faillite.

Et c’est ainsi que les choses se sont terminées pour la Silicon Valley Bank et les deux autres grandes banques américaines qui ont fait faillite en mars.

Et c’est aussi ainsi que les choses se sont terminées en avril pour le détaillant Bed Bath & Beyond

Et c’est encore ainsi que les choses se sont terminées pour Yellow, la société de camionnage presque centenaire dont je vous ai parlé dans mon billet de la semaine dernière.

D’ailleurs la Direction de Yellow vient de publier un communiqué de presse embarrassant, annonçant qu’elle s’était placée sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites. Le sous-titre du communiqué était le suivant :

“La Fraternité internationale des Teamsters met fin aux activités d’une entreprise presque centenaire – 30’000 emplois américains perdus.”

Le fait de rejeter la faute sur le syndicat est la partie la plus embarrassante. Car la faillite était dans l’ADN de Yellow, comme je l’ai souligné la semaine dernière :

“Yellow est en difficulté depuis des années. Elle a été au bord de la faillite en 2010, 2014 et 2020. En fait, par un coup du sort, Yellow n’a acquis une notoriété nationale qu’en 1951, lorsqu’elle a fait faillite et a été rachetée par George Powell, un banquier du Missouri.”

Ainsi… l’entreprise qui est née de la faillite et qui a flirté avec celle-ci à trois reprises entre 2010 et 2020 veut nous faire croire qu’elle était par ailleurs bien gérée et que c’est entièrement la faute du syndicat si elle a finalement fait faillite.

Honnêtement, je ne connais pas les détails et je m’en fiche. Les syndicats ne sont pas parfaits. Mais ils sont une réalité que de nombreuses entreprises peuvent gérer sans faire faillite. Donc je ne peux m’empêcher de penser que la faillite de Yellow implique bien plus que “c’est la faute du syndicat”. Mais comme je l’ai déjà dit, nous vivons dans “l’ère de la culpabilité”. C’est toujours la faute de quelqu’un d’autre.

 

Les marchés boursiers encore sous l’emprise des méga-bulles financières trouvent toujours des morceaux d’actions pourries à aimer…

Et bien que le marché ne soit pas amoureux de Yellow, il est clair que certains l’aiment encore. Dans mon dernier billet, je vous ai raconté comment la société avait cessé ses activités le 30 juillet… et comment certains parieurs boursiers avaient réagi en faisant grimper le cours de l’action de plus de 400 % en quelques jours !

Ils ont récidivé cette semaine, mais avec un peu moins de verve. L’action a perdu près de 50 % depuis vendredi dernier, mais elle a connu deux pics de plus de 40 %, l’un lundi et l’autre mardi. Elle se négocie toujours à environ 200 % au-dessus de son cours de clôture du 28 juillet, dernière séance de négociation avant l’annonce de la cessation des activités de la société.

L’action devrait être à 0 $.

Avec plus de 400 millions de dollars de passif en plus que d’actif, les capitaux propres de Yellow ne valent rien. Si vous avez acheté cette action en pensant qu’elle augmenterait simplement parce que certaines personnes sont stupides, alors… OK, très bien… vous aviez raison. Mais vous feriez mieux de vendre tant que vous le pouvez.

De nombreuses entreprises ont fait progressivement faillite alors que la plus grosse méga-bulle financière de toute l’histoire était encore en train de gonfler. Maintenant qu’elle a commencé à se dégonfler, elles se précipitent vers le moment où elles cesseront soudainement d’exister.

C’est une catastrophe annoncée et je vous recommande d’avoir un plan de Survie économique efficace pour assurer votre futur financier. Pour résumer, c’est posséder des métaux précieux, des comptes à l’étranger et des cryptomonnaies…

Je vous laisse lire tous les détails du plan en cliquant ici.

 

La “faillite soudaine” de WeWork est sur le point d’arriver…

La société de partage de bureaux WeWork se ruine progressivement depuis sa création en 2010. La partie “soudaine”, c’est-à-dire le moment où elle se déclarera finalement en faillite, se produira probablement dans quelques semaines.

Vous vous souviendrez de WeWork et de son fondateur “visionnaire” Adam Neumann. Nous avons expliqué à quel point il était insensé que le marché du capital-risque évalue WeWork à 47 milliards de dollars. Nous avons parlé des excentricités de Neumann et de sa capacité à lever des fonds même après avoir été évincé de WeWork à la suite de l’échec de son introduction en bourse…

Nous suivons l’affaire depuis au moins quatre ans. La première mention de WeWork que j’ai retrouvé dans mes archives date du 10 avril 2019. Je vous avais mis en garde contre WeWork pour la première fois le 27 septembre 2019. Et depuis, j’ai souvent mentionné l’entreprise et son fondateur dans mes messages…

Aujourd’hui, la fin de la saga WeWork semble imminente. La société a déposé son rapport sur les résultats du deuxième trimestre et son communiqué de presse mardi. Ce dernier comprenait l’avertissement sinistre et étrangement détaillé suivant :

“En raison des pertes de la société et des besoins de trésorerie prévus, combinés à l’augmentation du taux de désabonnement des membres et aux niveaux de liquidité actuels, il existe un doute substantiel quant à la capacité de la société à poursuivre son activité.

La capacité de la société à poursuivre ses activités dépend de l’exécution réussie du plan de la direction visant à améliorer les liquidités et la rentabilité au cours des 12 prochains mois, ce qui comprend, sans s’y limiter, les éléments suivants :

  • réduire les loyers et les charges locatives grâce à des mesures de restructuration et à la négociation de conditions de location plus favorables ;
  • augmenter les revenus en réduisant le taux de désistement des membres et en augmentant les nouvelles ventes ;
  • contrôler les dépenses et limiter les dépenses d’investissement ;
  • et rechercher des capitaux supplémentaires par l’émission de titres de créance ou d’actions ou par la vente d’actifs.”

 

C’est un peu technique, alors permettez-moi de traduire…

Le taux d’attrition des membres est le jargon du secteur qui signifie : “Aujourd’hui tout le monde travaille à la maison, ou dans un vrai bureau, donc notre entreprise perd des clients”.

Sans limitation signifie : “C’est probablement encore pire que ça, mais qui sait ? Nous sommes sûrs de ne pas le savoir”.

Globalement, une traduction raisonnable de l’ensemble de la déclaration pourrait être…

“Cela n’a jamais été une véritable entreprise. C’était plutôt un moyen d’imprimer des actions et d’enflammer le capital des investisseurs pendant que les marchés financiers se gonflaient pour former la plus grosse méga-bulle de l’histoire. C’est fini maintenant, alors nous faisons semblant de dresser une liste de choses à réparer pendant que nos avocats préparent un dépôt de bilan.”

Et le plus incroyable, c’est que dans le même communiqué de presse, le PDG a aussi déclaré :

“Nous sommes confiants dans notre capacité à répondre à l’évolution des besoins des entreprises de toutes tailles, dans tous les secteurs et toutes les zones géographiques et notre vision d’entreprise à long terme reste inchangée.”

Cela signifie-t-il que perdre de l’argent et faire faillite faisaient partie de la vision à long terme ?

Quoi qu’il en soit, les idiots qui achètent des actions sans valeur sont revenus à la charge, faisant grimper l’action de WeWork de 140 % – APRÈS qu’ils aient pleinement digéré le récent rapport sur les bénéfices.

Vraiment, ces gens-là aiment beaucoup plus les actions en faillite, ou au bord de la faillite, que le reste…

 

C’est la faute de WeWork si elle a échoué. Mais ce n’est pas elle qui a créé les conditions de son existence vouée à l’échec…

Ce sont les Banques centrales du monde entier qui ont créé ces conditions.

WeWork est (était ?) une opération d’incinération d’argent dont la valeur repose uniquement sur la vision de son fondateur fou et sur sa capacité à convaincre des gens plus stupides que lui de lui accorder des milliards de nouveaux capitaux.

Ce genre de choses a tendance à se produire souvent lorsque les taux d’intérêt sont maintenus à zéro, comme l’a fait la Réserve fédérale de 2008 à 2015 et à nouveau de 2020 à 2022. La suppression extrême des taux d’intérêt a été la pire calamité économique de toute l’histoire. Les taux ont été trop bas pendant trop longtemps. Nous en voyons aujourd’hui les conséquences.

Même l’argent durement gagné peut être mal dépensé, mais c’est généralement l’argent bon marché, ou gratuit, qui fait les plus gros trous dans les poches des gens. Il est au cœur des plus grands désastres économiques et financiers.

Le secteur qui se retrouve souvent dans la pire situation après une overdose d’argent gratuit, ou bon marché, est le secteur bancaire. L’argent bon marché est comme une pandémie financière. Tous ceux qui y sont suffisamment exposés tombent malades. Les banques ne possèdent que de l’argent. C’est en fait le seul actif du secteur. Les banques tombent donc toutes malades. Et certaines meurent, comme ce fut le cas de trois grandes banques américaines en mars.

 

Aujourd’hui, quelques douzaines de banques supplémentaires se sentent un peu mal en point…

Comme Corey l’a rapporté mardi, l’agence de notation Moody’s a pris diverses mesures à l’égard de 27 banques américaines.

Elle a abaissé les notes de crédit de 10 banques de taille petite ou moyenne et placé six grandes banques – dont U.S. Bancorp, Bank of New York Mellon et Truist Financial – sous surveillance en vue d’un éventuel abaissement de leur note.

Les perspectives des 11 banques qui n’ont été ni dégradées ni mises sous surveillance sont passées de stables à négatives.

Les sociétés de notation sont comme les banques qu’elles notent. Elles dansent tant que la musique continue à jouer. Puis, lorsqu’elle s’arrête, elles se mettent en mode “aigreurs” et disent : “De toute façon, nous n’aimions pas cette chanson”.

Si la conjoncture est bonne, ils ne reconnaissent pas les énormes méga-bulles financières comme un problème – ni même l’existence de la bulle.

Vous vous souvenez peut-être qu’ils ont maintenu la cote de crédit d’Enron jusqu’au 28 novembre 2001, quatre jours seulement avant qu’elle ne déclare faillite le 2 décembre.

De même, alors que la crise financière de 2008 prenait de l’ampleur, la banque d’investissement Lehman Brothers a conservé une note de qualité jusqu’à 15 jours avant de faire faillite.

Les agences de notation n’ont rien appris d’Enron ou de Lehman.

Au moment de sa faillite, la Signature Bank bénéficiait d’une notation de qualité de la part de trois agences de notation différentes. Elles sont comme de mauvais investisseurs : elles sont toujours en retard sur la fête, vendant de bonnes nouvelles au sommet et de mauvaises nouvelles au plus bas.

 

Pourtant Moody’s et ses concurrents ne sont pas complètement inutiles…

Mais le fait de prendre des mesures à l’égard de 27 banques nous montre au moins que nous avions raison de nous inquiéter pour l’ensemble du secteur bancaire en mars dernier, lorsque nous avions souligné que :

“Ce qui est arrivé à la Silicon Valley Bank pourrait arriver aux banques les mieux capitalisées du pays…

Elles détiennent les mêmes actifs que toutes les autres banques : des prêts, des bons du Trésor américain et des titres adossés à des créances hypothécaires. C’est le même château de cartes. Et si suffisamment de gens soufflent dessus, il s’effondrera.

Si suffisamment de personnes se manifestent et veulent récupérer leurs dépôts, la banque ne les aura pas. Elle manquera de liquidités, devra lever des capitaux, vendra des obligations à perte… et sera probablement saisie et fermée par les autorités de régulation – tout comme la Silicon Valley Bank.”

Le modèle d’entreprise bancaire n’est pas conçu pour les périodes difficiles. S’il est confronté à de graves problèmes, il se casse la figure. Moody’s semble l’avoir enfin compris – avant la prochaine faillite bancaire, ou le prochain problème de crédit sur les marchés financiers.

Je reste persuadé que les difficultés à venir seront bien plus importantes que le petit marché baissier sans relief qui a débuté fin 2021/début 2022. Du pic au creux, le S&P 500 a chuté de 25 % et le Nasdaq de 36 %. C’est tellement bénin que beaucoup de gens pensent que c’est déjà fini. Mais même si le S&P 500 ou le Nasdaq devaient bientôt atteindre de nouveaux sommets, je ne pense pas que nous soyons sortis de l’auberge.

Les marchés baissiers qui ont suivi les méga-bulles passées laissent penser que nous devrions atteindre un niveau négatif de 60 % ou plus pour le S&P 500 et de 75 % ou plus pour le Nasdaq. Nous sommes très loin de ces chiffres.

Comme je l’ai conclu dans l’un de mes précédents messages, l’argent bon marché a contaminé tout et tout le monde :

“L’argent bon marché a contaminé tout et tout le monde. Et maintenant, il est devenu une boule de démolition…

Tous ceux qui ont acheté des bons du Trésor et des titres adossés à des créances hypothécaires en 2020 et 2021 sont dans le même bateau. Pensons-nous vraiment que ce problème ne fera qu’anéantir quelques entreprises technologiques et détruire leurs banques ?

Je ne le crois pas.

L’argent bon marché est un tueur en série notoire. Et son règne de terreur ne fait que commencer.”

 

Cela fait 30 ans que nous vivons à l’ère de l’argent bon marché et de ses conséquences…

L’argent le moins cher de toute l’histoire a conduit à la méga-bulle financière la plus massive de toute l’histoire.

Et nous sommes quelque part entre le début de la fin de la méga-bulle et la fin du début des conséquences terribles qu’elle aura sur le monde.

Je me doute que ce message ne sera pas aussi bien reçu qu’il aurait pu l’être en octobre, lorsque le S&P 500 touchait le fond, ou en décembre, lorsque le Nasdaq frôlait le gouffre.

Mais c’est pourquoi je pense qu’il est nécessaire.

Je ne veux pas que vous soyez comme les investisseurs qui achètent des actions pourries tout au long de la descente. Je ne veux pas non plus que vous soyez comme les agences de notation qui dansent pendant que la musique joue, puis prétendent qu’elles n’avaient pas vraiment envie de danser lorsque la musique s’arrête.

N’hésitez pas à vous réjouir des gains que vous avez réalisés sur le long terme cette année. Vous les avez mérités.

Mais ne soyez pas trop satisfaits du genre de choses qui font exploser les marchés, comme les faillites et les faiblesses du secteur bancaire.

Nous nous attendons à ce que ces deux phénomènes se multiplient dans un avenir proche. Si Moody’s le dit, cela signifie que ces deux risques sont déjà à l’œuvre au moment où vous lisez ces lignes.

Vous devez mettre en place des solutions pour vous débancariser (au moins en partie) afin d’avoir un “plan B” en cas d’effondrement du système financier.

Vous trouverez dans ce rapport un pack de Survie économique

Bon investissement,

Dan Ferris

Eagle Point, Oregon

 

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Viau
Viau
8 mois il y a

Bonsoir Mr Ferris. Très bon article et aussi belle synthèse et résumé de la situation. On sait à quoi s’attendre ??? Merci..