Billet Dan Ferris du 05/06/2023

+ 24,37 %… Pourquoi je ne veux pas de cette action dans mon portefeuille

Chère lectrice, cher lecteur,

Si vous vous demandez si le marché boursier a atteint son niveau le plus bas, vous faites fausse route.

Vous devriez plutôt vous demander quand le sommet sera atteint.

Je vous l’ai déjà dit. Mais même moi, je continue d’être stupéfait par ce qui se passe sous nos yeux – et par les nouvelles poches d’excès spéculatifs qui ne cessent d’émerger.

Comme je l’ai déjà mentionné, l’excès spéculatif qui concerne le marché de l’Intelligence Artificielle (IA) touche les grandes entreprises technologiques comme Microsoft, ou Alphabet.

Et ce nouvel engouement pour cette technologie est probablement la raison pour laquelle l’indice Nasdaq Composite a grimpé de 1,7 % hier.

 

Le Nasdaq peut remercier l’une de ses principales actions pour ce rebond…

Il s’agit du fabricant de puces Nvidia, qui a surpris les marchés…

La société a annoncé une augmentation de 19 % de son chiffre d’affaires au premier trimestre. Elle a également prévu un chiffre d’affaires de 11 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, ce qui représenterait une augmentation de 64 % d’une année sur l’autre.

Le marché a adoré l’annonce de Nvidia. En conséquence, l’action a augmenté de + 24,37 % en UNE seule journée !

À près de 390 dollars par action aujourd’hui, elle atteint confortablement un nouveau sommet historique. En fait, elle se négocie environ 18 % au-dessus de son cours de clôture le plus élevé de 2021, qui était d’environ 330 dollars par action.

La capitalisation boursière de l’entreprise est passée de 755 milliards de dollars à 939 milliards de dollars hier. Cela représente une hausse de 184 milliards de dollars en une seule journée.

À titre de comparaison, 184 milliards de dollars, c’est à peu près la valeur de marché de certaines entreprises que vous connaissez sans doute. Donc c’est comme si l’on créait de toutes pièces un nouvel Accenture, un nouvel Adobe, ou un nouvel Abbott Laboratories.

Ces trois sociétés figurent actuellement parmi les 60 entreprises les plus précieuses au monde. Et pourtant, la valeur de Nvidia a augmenté de la totalité de leur capitalisation boursière (ou plus) en une journée.

L’action de Nvidia se négocie aujourd’hui à environ 145 fois son bénéfice net des quatre derniers trimestres.

 

Vous voulez savoir pourquoi Nvidia s’attend à ce que les affaires soient si bonnes ?

Oui, vous avez deviné… L’IA.

Le terme “IA” apparaît 15 fois dans le communiqué de presse de l’entreprise. Et Jensen Huang, cofondateur et PDG de l’entreprise, a adopté un ton haletant qui me semble tout à fait digne de 2021 :

“L’industrie informatique traverse deux transitions simultanées : l’informatique accélérée et l’IA générative.

L’infrastructure mondiale installée des centres de données, d’une valeur de mille milliards de dollars, passera de l’informatique générale à l’informatique accélérée, tandis que les entreprises s’efforcent d’appliquer l’IA générative à chaque produit, service et processus d’entreprise.

Toute notre gamme de produits pour centres de données – H100, Grace CPU, Grace Hopper Superchip, NVLink, Quantum 400 InfiniBand et BlueField-3 DPU – est en production. Nous augmentons considérablement notre offre pour répondre à la demande croissante de ces produits.”

Aujourd’hui, Huang connaît son métier mieux que quiconque. Et c’est sous sa direction qu’elle est devenue une énorme entreprise au cours des dernières années.

En gardant tout cela à l’esprit, je n’ai aucune raison de douter de l’affirmation de Huang selon laquelle les entreprises s’empressent réellement d’appliquer l’IA générative à chaque produit, service et processus d’entreprise.

Je sais que je me suis un peu moqué de l’engouement autour du lancement de ChatGPT, mais je ne suis pas naïf…

L’IA est une affaire sérieuse. Elle est déjà très puissante. Et elle ne fera que gagner en puissance. Elle peut probablement aider les humains comme nous à faire toutes sortes de choses auxquelles nous n’avons même pas encore pensé.

Dans les années à venir, l’IA pourrait être à l’origine d’une révolution comparable à celle de l’Internet.

 

Oui, il s’agit bien de Dan Ferris et non d’un cyborg…

Eh oui, je pense vraiment que l’IA n’en est qu’au début d’une révolution technologique. Elle est destinée à changer notre façon de vivre et de travailler dans les semaines, les mois et les années à venir.

Je ne plaisante pas. Il n’y a pas de chute baissière à venir… à propos de la technologie.

Mais investir n’est pas toujours aussi simple que de soutenir la bonne tendance en matière de nouvelles technologies…

L’IA continue d’évoluer et de prospérer – et elle continuera d’évoluer et de prospérer. Toutefois, à l’heure actuelle, il n’est pas aussi simple d’acheter Nvidia et d’attendre qu’elle monte en flèche.

 

Posséder les meilleures entreprises ne vous sauvera pas dans tous les cas…

Lors d’une de mes présentations en 2017, j’ai parlé des entreprises qui ne posaient aucun problème et que les gens ont achetées pendant le boom des entreprises “point-com”. Les gens “savaient” qu’ils ne pouvaient pas perdre d’argent avec ces actions…

Par exemple, Cisco Systems a été la coqueluche numéro 1 de l’ère “point-com”. L’entreprise vend des routeurs et des commutateurs qui constituent la “plomberie” de l’internet. Tout le monde pensait donc qu’il s’agissait d’un moyen sûr de profiter de la croissance exponentielle du nombre d’utilisateurs de l’internet.

Cisco est entrée en bourse en 1990 en tant que “penny stock”. Son cours a culminé à environ 80 dollars par action en mars 2000. Elle s’est ensuite effondrée pour atteindre environ 8 dollars par action en 2002. Et elle n’est toujours pas revenue à son niveau le plus élevé.

Cisco a réalisé un bénéfice net de 2,7 milliards de dollars au cours de l’exercice fiscal qui s’est achevé en juillet 2000. À 80 dollars par action, elle était évaluée à environ 560 milliards de dollars, soit un peu plus de 200 fois les bénéfices.

À ce moment-là, le cours de l’action de Cisco intégrait 200 ans de bénéfices. Elle n’a jamais pu répondre à ce genre d’attentes irrationnelles.

Aucune entreprise n’a jamais valu autant. Même une entreprise technologique étonnante, en pleine croissance, desservant un nouveau marché en pleine expansion, ne vaut pas autant.

Tous ceux qui ont acheté des actions de Cisco à un niveau proche de cette valeur ont perdu de l’argent. Et plus de vingt ans plus tard, ils attendent toujours que l’investissement soit rentabilisé…

Si l’on tient compte des dividendes versés par Cisco au cours des 23 dernières années, le rendement total cumulé pour les investisseurs qui ont payé 80 dollars par action en 2000 représente une perte d’environ 25 %. En d’autres termes, les investisseurs ont payé trop cher et, après 23 ans, il leur manque encore 25 % pour atteindre le seuil de rentabilité.

 

Une entreprise qui se vend 200 fois ses bénéfices n’est pas le signe d’une nouvelle ère d’hyper valorisation de la technologie…

C’est le signe qu’absolument tout le monde sur le marché pense qu’il s’agit d’un investissement “à ne pas manquer”.

Cela me rappelle la mise en garde de feu l’investisseur Sir John Templeton qui disait :

“Les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, mûrissent dans l’optimisme et meurent dans l’euphorie.

La période de pessimisme maximum est le meilleur moment pour acheter et la période d’optimisme maximum est le meilleur moment pour vendre.”

Lorsque les investisseurs sont trop optimistes, ils s’exposent à des rendements catastrophiques. Cela est vrai même s’ils ont raison au sujet du secteur sous-jacent ou de la tendance technologique.

Les personnes qui ont investi dans Cisco au plus fort du boom des entreprises “point-com” avaient raison au sujet de l’internet. Il a révolutionné nos vies. Comment pouvions-nous faire avancer les choses avant qu’il n’existe ?

Mais du point de vue de l’investissement, Cisco était beaucoup trop cher en mars 2000. Elle était condamnée à perdre de l’argent pendant plus de deux décennies (et ce n’est pas fini).

Aujourd’hui, un peu plus de vingt ans plus tard, les investisseurs sont également condamnés à perdre de l’argent avec Nvidia. Et ce n’est pas seulement parce que l’activité se détériore – même si cela n’aide pas…

 

C’est vrai. Nvidia ne grandit pas. Elle rétrécit…

Les marges d’exploitation de Nvidia ont été écrasées au cours des cinq dernières années. Elles ont culminé à 37 % en juillet 2018. En janvier dernier, elles étaient d’environ 16 %.

Le bénéfice d’exploitation de l’entreprise sur 12 mois a diminué de près de 60 % d’une année sur l’autre jusqu’en janvier – passant de 10 milliards de dollars à 4,2 milliards de dollars. Et son chiffre d’affaires sur 12 mois a baissé de 9 % au cours des deux derniers trimestres.

Je ne sais pas pourquoi quelqu’un pense que ce type de performance vaut 145 fois les bénéfices. Ou pourquoi l’action valait 24 % de plus hier que mercredi.

Mais c’est le genre de marché dans lequel nous nous trouvons encore. Et nous vivons toujours ce type de marché malgré la forte baisse de 2022 et le cycle de hausse des taux d’intérêt le plus rapide depuis 1980.

Pour gagner de l’argent avec ce type d’évaluation, l’entreprise doit cesser de se contracter et croître à des taux et des marges plus élevés pendant une longue période. Cela n’arrivera probablement pas.

En fin de compte, les investisseurs de Nvidia sont destinés à devenir des perdants à long terme pour la même raison que les investisseurs de Cisco étaient destinés à perdre lorsqu’ils ont payé 80 dollars par action en 2000. Il est très peu probable que l’entreprise vaille un jour ce qu’ils paient aujourd’hui sur le marché.

Que signifie tout cela ?

Les gens sont à la recherche d’un creux boursier… alors qu’ils devraient plutôt chercher des signes indiquant que le sommet est déjà atteint.

En d’autres termes, tant que l’engouement pour les nouvelles technologies permet à des actions de méga-capitalisations dont les marges sont en baisse de se négocier à 145 fois les bénéfices… La fièvre spéculative est toujours présente et de nombreuses actions populaires sont encore surévaluées.

 

Deux éléments pourraient frapper les investisseurs sur le côté de la tête et les aider à revenir à la réalité…

Nous avons déjà discuté du premier dans mon dernier billet : le plafond de la dette.

Je me suis récemment entretenu avec le macro-investisseur Alf Peccatiello au sujet du débat sur le plafond de la dette.

M. Peccatiello reconnaît qu’un défaut de paiement est hautement improbable. Mais il n’exclut pas la possibilité que le gouvernement commence à manquer d’argent et doive donner la priorité au remboursement de la dette… Cela signifie que le Congrès pourrait causer de réels dommages économiques aux États-Unis sans même s’en rendre compte.

Il estime que jusqu’à 30 % des dépenses discrétionnaires du gouvernement pourraient être réduites pendant une période suffisamment longue pour nuire au produit intérieur brut (PIB) américain aux deuxième et troisième trimestres.

Par conséquent, M. Peccatiello estime que cela pourrait nous faire entrer officiellement en récession.

Les dépenses discrétionnaires américaines s’élevaient à 1’700 milliards de dollars en 2022. Une réduction de 30 % ramènerait ce montant à environ 1’200 milliards  de dollars, soit une diminution des dépenses de l’économie américaine d’environ 500 milliards de dollars.

Peut-être que 500 milliards de dollars ne semblent pas représenter une part importante d’une économie de 26’000 milliards de dollars. Après tout, il s’agit de moins de 2 %. Permettez-moi donc de présenter les choses de la manière suivante…

Au premier trimestre, le PIB américain a augmenté d’environ 328 milliards de dollars. Un coup de frein de 500 milliards de dollars à l’économie effacerait toute cette croissance et bien plus encore.

En d’autres termes, elle transformerait la croissance positive du PIB du dernier trimestre en une croissance négative. Et si cela se produit pendant deux trimestres consécutifs, le National Bureau of Economic Research déclarera officiellement une récession.

 

Ce qui m’amène à l’autre élément susceptible de donner le tournis aux investisseurs…

Les taux d’intérêt.

En termes simples, les valorisations élevées des marchés boursiers et obligataires suggèrent que les investisseurs sont satisfaits de la probabilité que les taux restent élevés plus longtemps.

Nous avons déjà mentionné l’outil FedWatch du CME Group dans nos précédents billets. Cet outil utilise les prix du marché à terme pour déterminer la probabilité que la Fed augmente, suspende ou réduise son taux directeur lors des prochaines réunions du Comité fédéral.

Récemment, l’outil FedWatch a indiqué que la banque centrale suspendrait probablement ses hausses de taux en juin. Mais à l’heure où j’écris ces lignes, il y a 65 % de chances que la Fed relève encore ses taux de 25 points de base lors de cette réunion.

À plus long terme, l’outil FedWatch prévoit que la Fed maintiendra ses taux inchangés lors de sa réunion de juillet et commencerait à les réduire en septembre. Ensuite, les données actuelles montrent que la Fed pourrait laisser ses taux inchangés au moins jusqu’en novembre.

En réalité, cela ne semble pas être la fin du cycle actuel de relèvement des taux.

N’oublions pas que c’est également ainsi que s’est déroulée la saga de l’inflation…

Tout d’abord, la Fed a parlé d’une inflation “transitoire”. Après qu’elle se soit maintenue plus longtemps que prévu, le discours a changé. Et maintenant, plus d’un an plus tard, elle est censée avoir atteint son maximum.

La Fed a récemment décidé qu’au lieu de parler d’une éventuelle “pause” dans les hausses de taux, elle utiliserait le terme “saut”. Ainsi, il est clair que ce n’est pas parce que la Fed maintient les taux inchangés lors d’une réunion donnée qu’elle ne les augmentera pas lors de la réunion suivante.

On dirait bien que la Fed essaie de nous conditionner à oublier les pauses et les baisses de taux.

Nous verrons comment tout cela se déroulera.

Mais jusqu’à présent, l’inflation et les taux plus élevés destinés à lutter contre ce problème ont dépassé les attentes de la plupart des gens. C’est pourquoi appeler à la fin de ce cycle en ce moment ressemble beaucoup à ceux qui veulent toujours annoncer le bas du marché baissier.

 

Je ne connais pas l’avenir…

Personne ne le sait, pas même ChatGPT.

En ce qui concerne le débat sur le plafond de la dette, nous savons aujourd’hui que les politiciens viennent de s’accorder sur le relèvement du plafond.

Pour les taux d’intérêt, beaucoup de gens pensaient que la Fed commencerait à les réduire dans le courant de l’année.

Mais peut-être qu’ils se sont trompés. Peut-être la Fed pense-t-elle que la lutte contre l’inflation est bien plus importante qu’un afflux de faillites bancaires, qu’une récession profonde ou que toutes sortes d’autres maladies économiques.

L’envolée de Nvidia hier, l’engouement pour tout ce qui touche à l’intelligence artificielle et la complaisance générale qui règne actuellement sur le marché donnent à penser que personne ne s’inquiète vraiment des catastrophes qui se profilent.

Mais c’est une erreur

Nvidia peut sembler être l’une des meilleures entreprises au monde aujourd’hui. Toutefois, il y a de fortes chances qu’elle devienne la prochaine Cisco dans un avenir proche. Et ce ne sera pas la seule…

Les investisseurs ne poursuivront pas éternellement les excès de la spéculation. Lorsqu’elle s’arrêtera, il faudra s’en méfier.

C’est pourquoi, en tant que particulier, vous devez identifier et vous positionner sur la bonne tendance de fond. Comme je vous l’ai dit plus haut, le secteur de l’IA est une révolution qui va être en hausse sur le long terme.

​​​​​​​Mais vous devez aussi savoir prendre en compte les fondamentaux financiers de chaque entreprise de cette tendance pour sélectionner celles qui auront la croissance la plus saine, sans tomber dans un excès spéculatif.

Pour vous aider, voici 5 actions “IA-propulsées” sur lesquelles vous pouvez viser des gains jusqu’à x10.

Bon investissement,

Dan Ferris

Eagle Point, Oregon

 

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