Voiture électrique VS voiture à hydrogène

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Chère lectrice, cher lecteur,

Ça y est : le Parlement Européen a voté.

D’ici 2035, on ne vendra plus une seule voiture neuve qui fonctionne à l’essence ou au diesel… même les hybrides seront bannies.

On ne pourra plus acheter que des voitures électriques, ou des voitures à hydrogène.

Les constructeurs, eux, n’attendront pas 2035 : beaucoup ont l’objectif de ne plus vendre un seul véhicule thermique à horizon 2030.

C’est pourquoi le marché des véhicules électriques est en train d’exploser… tandis que les ventes de voitures thermiques (essence/diesel) sont en chute libre.

Et l’hydrogène, dans tout ça ? Un vrai serpent de mer : on n’arrête pas d’en parler, on répète qu’il va s’imposer… et rien.

En parallèle, l’électrique se développe, les bornes de recharge poussent comme des champignons. Pas simple à suivre, cette histoire…

Aujourd’hui, on va tout mettre à plat.

Comparer les avantages réels de l’électrique et de l’hydrogène, avec pour objectif de comprendre s’il y a match ou pas… et in fine, savoir dans quoi il est judicieux d’investir.

Charge et autonomie : avantage hydrogène

Sur le papier, l’hydrogène est nettement plus commode que l’électrique.

D’abord vous chargez votre véhicule en 5 minutes à peine… pour une autonomie de 500 à 600km environ. Ensuite, il n’émet pas un gramme de CO2, tout ce qu’il relâche c’est de la vapeur d’eau. On se croirait dans un rêve.

Bien sûr, l’électrique n’émet pas de CO2 en roulant non plus. Mais côté charge, c’est moins pratique : les bornes les plus rapides du moment vous font passer de 20 à 80% de batterie en 20 minutes.

La norme, pour une recharge complète, c’est toujours quelques heures… pour une autonomie médiocre, entre 280 et 450km environ.

Pourtant, peu importe où l’on regarde, c’est l’électrique qui se déploie massivement.

Les constructeurs ont tous (ou presque) laissé tomber les véhicules à hydrogène.

C’est qu’il doit nous manquer une info…

L’hydrogène, ça coûte un pognon de dingue

Une voiture à hydrogène, ça charge plus vite et ça roule plus longtemps. Super.

Mais surtout, ça coûte 70’000€ pour les modèles les plus abordables.

Les piles à combustibles et réservoirs à hydrogène, ça coûte cher à produire… et tandis que le prix des batteries électriques baisse un peu plus chaque année, la compression des coûts du côté de l’hydrogène s’avère plus compliquée.

En clair, le grand public n’est pas près de conduire des véhicules à hydrogène… tandis qu’on commence à trouver des voitures électriques pour toutes les bourses.

Côté infrastructures, rebelote. Une station de recharge électrique, ça coûte 50’000€ tout compris… contre plus d’1 million d’euros pour une station hydrogène.

Maintenant, vous comprenez pourquoi on compte plus de 50 000 points de recharge électrique en France contre à peine 50 stations hydrogène.

Enfin, il faut parler coût du carburant – enfin, même si on ne peut plus parler de « carburant » puisqu’on sort du moteur à explosion… disons plutôt « énergie ».

Pour parcourir 100km, il vous faudra 13€ d’hydrogène (soit un tarif comparable à un véhicule essence), contre à peine 2,20€ avec une voiture électrique.

Je vous laisse faire vos calculs, mais vous imaginez bien qu’à l’année la différence se voit un peu…

Efficacité énergétique : le juge de paix

Bien sûr, on peut imaginer que les technologies s’affinent, et qu’on puisse construire des voitures et stations hydrogènes pour moins cher.

Vu l’avance prise par l’électrique, je doute que ça change fondamentalement notre rapport de force… mais imaginer, ça, on peut toujours.

Cela étant, il y a un dernier paramètre qui signe la victoire par KO de l’électrique – et rend caduques nos fantaisies.

L’efficacité énergétique.

En clair : à la base de tout, il y a la production d’énergie.

Pour que l’hydrogène ait un sens dans la transition énergétique, il faut qu’il soit vert, c’est-à-dire produit à partir de sources durables.

Ainsi, on produit de l’électricité (par exemple avec une éolienne), qu’on utilise pour séparer l’hydrogène de l’oxygène ou du carbone avec lesquels il est généralement lié – on n’en trouve pratiquement pas sous forme « déjà pure ».

Cette séparation est faite par électrolyse, la seule technique « verte » pour produire de l’hydrogène.

Problème : ça coûte déjà 25% de l’électricité consacrée aux véhicules à hydrogène.

Ensuite, il faut comprimer l’hydrogène pour le rendre compatible avec les modes de stockage : on perd 10% d’électricité.

Une fois dans la voiture, on re-perd 40% de l’électricité pour transformer l’hydrogène en électricité dans la pile à combustible… puis 5% de déperdition dans le moteur.

Où je veux en venir ? C’est simple : sur 100 watts, on en utilise 62 dans des étapes intermédiaires. Seuls 38 watts sont réellement utilisés pour faire avancer la voiture.

Plus simplement : 38% de l’énergie produite pour les voitures à hydrogène leur sert à rouler.

Pour l’électrique, c’est 80% : on perd 5% dans le réseau électrique, 10% lors de la charge et 5% dans le moteur, c’est tout.

En clair, si on mesure l’énergie au kilomètre parcouru, l’électrique est beaucoup, beaucoup moins énergivore que l’hydrogène… et dans un contexte de tension accrue sur le réseau, à mesure que l’on arrête les énergies fossiles, ça compte énormément.

Conclusion

L’hydrogène est une idée séduisante sur le papier. L’électrique est l’énergie du réel.

Un peu péremptoire, mais pas si éloigné de ce qui se joue sous nos yeux…

Vous avez compris, l’hydrogène n’a pas vocation à concurrencer l’électrique, qui s’impose partout, porté par « le sens de l’Histoire »…

Toutefois, l’hydrogène est une énergie qui a du sens pour d’autres modes de transport.

Tout comme les sous-marins nucléaires peuvent être nucléaires parce qu’ils sont des sous-marins… certains véhicules utilitaires, comme les camions ou les trains, ont un avenir à l’hydrogène.

D’abord car le coût de la technologie est proportionnellement moins lourd dans le coût total de ces véhicules, ensuite parce que l’autonomie permise par l’hydrogène est un critère nettement plus discriminant pour eux.

Cela veut dire que le marché électrique et le marché de l’hydrogène ne se chevauchent pas véritablement, en tous cas beaucoup moins que ce qu’on pourrait imaginer.

Pour les investisseurs, c’est le marché de l’électrique qui semble plus prometteur.

Plus vaste, plus mature, avec des révolutions qui se jouent en ce moment-même, juste sous nos yeux… Il y a de véritables fortunes à se faire en misant sur les bonnes technologies – et celle-ci est incontournable pour l’ensemble du marché électrique.

Amicalement,

Marc Schneider

La Lettre Argo Éditions

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Danielle PROQUIN
Danielle PROQUIN
2 années il y a

Bonne analyse. Toutefois il existe une troisième voie, qui existe depuis de nombreuses années et qu’on s’est bien gardé d’exploiter : le moteur à EAU. Le premier inventeur, il y a quelques décennies, a vu son garage flamber…! Dernièrement, un second inventeur a présenté son travail et …disparu des médias, on n’en parle surtout pas ! Bien sûr, ça ne coûte quasiment rien mais ça fonctionne…c’est ce coût minime qui blesse certains semble-t-il ! Qu’en pensez-vous ?

caduc
caduc
2 années il y a

Court et Clair

Ancelle-Langlet
Ancelle-Langlet
2 années il y a

Véhicules électriques et mathématiques niveau certificat d’études primaires.

Les véhicules « tout électrique » ont dans le meilleur des cas une autonomie de 350 à 400 km en usage normal sur autoroutes.

Ne chipotons pas et accordons qu’avec le progrès des batteries, les 500 km seront atteints bientôt.

Bordeaux est à 583 km de Paris par l’autoroute A10.

Dans la zone comprise entre le 350eme et le 500eme km pour la panne sèche, il y a 5 stations pouvant accueillir des bornes de recharge.

Le flux des véhicules d’une journée de grand départ est de 80.000 en Juillet ou Août soit sur 24 h, 3333 véhicules par heure ( en réalité concentrés sur beaucoup moins).

Le temps d’une recharge d’un véhicule est à minima de 30mn.

Les 3333 véhicules arrivant devront donc bénéficier de 1667 bornes soit 333 bornes par station dans la zone.

Toutes en état de marche, avec des chauffeurs se répartissant de manière harmonieuse devant les bornes aussi bien à 3h du matin qu’à 15 h et d’une discipline exemplaire pour éviter les délais entre chacun.

En réalité vus ces aléas, il faudrait au moins le double voire le triple de bornes disponibles.

Entre 700 et 1000 par station !

On ne parle pas des pylônes électriques pour acheminer « le jus » ni de la centrale nucléaire au bout du câble….

Bon les véhicules électriques sont l’avenir et il faut inciter les « gens » à acquérir ces véhicules disent-ils ?

Mais si plutôt on renforçait l’enseignement des mathématiques à l’ENA pour leur donner le niveau d’un titulaire de CEP des années 60 du siècle dernier.

Boutté
Boutté
2 années il y a
Répondre à  Ancelle-Langlet

Les soucis de recharge, on les constate aisément aux USA et pas seulement en vacances .

Pryuugt
Pryuugt
2 années il y a

La voiture solaire serait l’idéal pour l’avenir propre

Daniel JB
Daniel JB
2 années il y a

Espérons que l’EU s’effondre sous le poids de son dogmatisme afin que nous soyons libre de rouler avec les véhicules de notre choix et non pas du leur.

Leonard
Leonard
2 années il y a

Je suis navrée de lire tous ces explications sur les avantages des voitures électriques, qui ne comparent jamais la globalité de chaque type de voiture, du prix de fabrication jusqu’au recyclage de tous les composants de la voiture.
les composants des batteries par exemple, par rapport au réservoir de carburant.
on ne tient pas compte des lieux où il n’y a de toutes façons pas de centrale électrique adaptée à des milliers de kms à la ronde.
l’électricité des éoliennes dépend du vent donc elle coûte cher en infrastructures pour une électricité qui est aléatoire : dans le cas du Danemark par exemple : ils ont trop d’électricité quand il y a du vent qu’ils vendent bon marché à leurs voisins. Lorsqu’il n’y a pas de vent leurs voisins leur vendent de l’électricité au charbon ou pétrole au prix fort.
les Eoliennes nécessitent aussi des nouveaux réseaux de distribution car elles sont loin des centres de consommation, et chaque km de transport d’E est une perte.
problème 2 : les batteries sont anti écologiques et très inflammables en cas de court circuit : et impossible de les éteindre !
une fois que la voiture brûle, elle brûle jusqu’au bout.
Dans nos campagnes et zones méridionales les feux sont un grand danger.
les voitures thermiques peuvent brûler aussi mais on arrive à les éteindre.

conclusion : la voiture électrique est un luxe pour les villes : moins de bruit, moins de pollution immédiate en ville.
mais globalement elle pollue plus si on inclut sa fabrication et sa fin de vie.

Boutté
Boutté
2 années il y a
Répondre à  Leonard

La perte en ligne sur réseau à haute tension s’estime entre 8 et 11% par 100 Km.

Jacques
Jacques
2 années il y a
Répondre à  Boutté

Mais c’est rien ça 10%. Je jus sort de certain barrage à bien plus de 60000 V. En courant alternatif pas de problème. Pour les voitures c’est un problème complétement différent avec un courant continu qui se transporte mal et chauffe les conducteurs. Par contre le moteur électrique c’est le meilleur moteur !… mais voilà ! mettons des moteur alternatifs d’au moins 500 V, il y aura la puissance. Attendons que nos ingénieurs apprennent à stocker l’électricité car 100 ou 200 kg de batterie signifie que l’homme ne sait pas encore stocker l’électricité.

claudel michel
claudel michel
2 années il y a

Il y a une autre solution en devenir, la modification des injecteurs pour utiliser l’hydrogène sans pile à combustion sur les moteurs thermiques.

didmec
didmec
2 années il y a
Répondre à  claudel michel

AH enfin!! je désespérais de trouver une réflexion intelligente…
en conservant tous nos producteurs de voitures, moteurs, pistons culasses, injecteurs boites de vitesse etc etc, donc en évitant un désastre industriel, on utilise intelligemment l’hydrogène au lieu d’en perdre une bonne partie en piles à combustible débiles (et probablement chinoises). Et on met à profit la discontinuité de la production électrique renouvelable en stockant l’énergie non consommée en… hydrogène, pardi.

Boutté
Boutté
2 années il y a
Répondre à  didmec

Confiance en l’homme (je ne suis guère » écologiste ») et ses capacités d’adaptation! J’aimerais en savoir plus sur cette ouverture d’avenir.

DANIEL
DANIEL
2 années il y a

bonjour, on n’a pas abordé le problème de la fourniture d’électricité. Comment produira-t-on la formidable quantité d’électricité nécessaire pour remplacer toutes les autres énergies et dans tous les domaines : transport, chauffage, éclairage, fonctionnement des machines dans l’industrie, etc

Boutté
Boutté
2 années il y a
Répondre à  DANIEL

Le nucléaire actuel et bientôt les supergénérateurs à l’étude . Merci la France !

Didmec
Didmec
2 années il y a
Répondre à  Boutté

Ouais… . Nucléaire… Dans 15 ans si on survit et si on y arrive… Cf Flamanville… Et on parle pas de l’engorgement des filières de retraitement ni de l’insoluble problème des déchets ultimes. Fausse solution à la solde des habituels lobbies.

Jacques
Jacques
2 années il y a
Répondre à  DANIEL

Bravos

Alain
Alain
2 années il y a

Propriétaire d’une Zoe depuis 1 an
Pour 100 km le coût c’est proche de 3 € en ville avec des parcours en accordéon pour récupérer beaucoup, comme le dit la pub
Sur la route c’est pas du pareil, les super chargeurs coûtent 50000 € il faut les rentabiliser, charge très rapide mais coût similaire au prix de l’essence actuel
En cas de gros embouteillage avec des arrêts prolongés la consommation est énorme avec le risque de vider les batteries très rapidement
Il y a la théorie mais la réalité est souvent différente

Boutté
Boutté
2 années il y a
Répondre à  Alain

Très peu pour moi . Je me suis déjà fait avoir par la « Pub citoyenne » quand j’ai changé ma 3008 Diesel contre la même en essence . Quelle différence de couple et de passages à la pompe ! Seul Bercy y trouve son compte . Encore n’ai-je pas à tracter une caravane !

Jacques
Jacques
2 années il y a
Répondre à  Alain

De toute façon l’électrique ne fonctionnera jamais. C’est tout. Ne vous laissez pas embrouiller par tous ces (idéologues). Ces malades sont perdus, marcher derrière un fou est aussi dangereux que suivre un véhicule dans le brouillard.

Boutté
Boutté
2 années il y a

L’hydrogène lui aussi deviendra de plus en plus accessible.Les taxis parisens qui l’emploient en disent beaucoup de bien . Son avenir est surtout dans les véhicules lourds et le dernier Dakar en a montré la fiabilité, l’endurance et les performances.
Côté « écologie » l’électrique est une plaisanterie qui va nécessiter des milliers d’éoliennes, des milliards de panneaux, l’un et l’autre fort peu écologiques , dont la mode est liée aux aides de l’Etat et aux entourloupes commerciales . Par ex. le démontage d’une éolienne dans ma prairie sera à ma charge !,C’est énorme . Heureusement que le nucléaire fournit.
Pour les piles à combustibles on est encore dans l’expectative en ce domaine pour que je me fasse une opinion de chauffeur privé mais les transports lourds (camions, navires et collectifs) sont d’infiniment loin les plus polluants, les premiers Diesels à supprimer .
Par ailleurs nos compteurs Linky permettront au fisc de taxer la recharge électrique aussi bien que les carburants actuels . N’est-ce pas le but de leur mise-en-place sans discussion démocratique préalable ?

garcia
garcia
2 années il y a

bonsoir à vos services, merci pour l’envoie de la newsletter en ligne Argo Editions de ce jour intitulée ‘ voiture électrique VS voiture à hydrogène » assez intéressante et utile. j’approuve le fait que tout n’est pas obligatoirement payant auprès de vos services. c’est une attitude plus conciliante et bienveillante envers les membres qui vous lisent. bonne semaine à toute votre équipe.

cordialement
pierre Garcia

François Gil
François Gil
2 années il y a

C’est clair.
Merci beaucoup pour les 3 dossiers offerts tournés vers l’avenir.