Est-ce le signal qu’attendait la Chine pour envahir Taïwan ?

Chère lectrice, cher lecteur,

Me lisez-vous depuis longtemps ?

Si oui, vous savez que le sujet des semi-conducteurs me passionne.

Pour rappel, il s’agit des puces logique et mémoire qu’on trouve dans toute l’électronique moderne, des voitures aux missiles, en passant par les smartphones ou les machines IRM.

Il y en a véritablement partout… Mais leur fabrication est très coûteuse, complexe et très inégalement répartie sur la planète (j’y reviendrai).

C’est un sujet technologique et géostratégique parmi les plus brûlants de notre époque… si bien qu’on entend systématiquement parler à chaque crise.

Une des sanctions occidentales vis-à-vis des Russes est d’ailleurs l’arrêt des livraisons de semi-conducteurs… et c’est probablement la sanction la plus efficace.

Or, il y a quelques jours à peine (le 7 octobre), les tensions entre USA et Chine sont montées d’un cran à cause des semi-conducteurs.

Les USA ralentissent les livraisons

Washington vient d’annoncer une série de mises à jour dans ses règles de contrôle à l’exportation concernant l’envoi de semi-conducteurs à la Chine.

Le Bureau de l’Industrie et de la Sécurité (BIS) ne cache pas son objectif : « Ces mises à jour limiteront la capacité de la République populaire de Chine à la fois à acheter et à fabriquer certaines puces haut de gamme utilisées dans des applications militaires », précise un communiqué.

D’après Bloomberg, ces restrictions visent d’abord à ralentir la Chine dans le développement de systèmes de surveillance, de supercalculateurs ou d’armes dernier cri.

Cependant, les nouvelles règles de contrôle limitent également l’envoi de machines et de matériel servant à produire des semi-conducteurs…

Donc il ne s’agit pas juste de réserver le génie américain et les meilleures puces aux entreprises américaines.

L’objectif est de limiter la Chine dans la production de matériel électronique en général.

Guerre économique avérée

Les actions des fabricants de semi-conducteurs européens et chinois ont pris un sacré coup dans la foulée – jusqu’à -25% pour le chinois Shanghai Fudan !

Évidemment, Pékin a réagi…

Le ministère des Affaire Étrangères, via son porte-parole, a déclaré que ces « mesures injustes » allaient avoir des « conséquences sur la réouverture de l’économie mondiale ».

Gu Wenjun, à la tête du groupe de recherche en semiconducteurs ICwise, a déclaré qu’il n’y avait « plus de possibilités de réconciliation ».

Du côté de SemiAnalysis, un autre acteur majeur du secteur, on parle de « guerre économique avérée »…

Sale ambiance, donc. Et on craint des représailles chinoises.

Mais d’abord, il faut savoir ce que cette décision aura comme conséquences réelles sur l’économie chinoise.

« Même pas mal »… ou « vous l’avez bien cherché » ?

Le très nationaliste « Global Times », en Chine, a dénoncé une « attaque sauvage contre le libre échange » – comme quoi, on peut se dire communiste et déplorer qu’on entrave les échanges…

Mais ajoute que « ces restrictions vont être un problème temporaire pour l’industrie des semi-conducteurs chinois. À terme, elles vont renforcer l’indépendance et la souveraineté technologique chinoises ».

« Même pas mal », donc…

Mais attention.

Près de 70% de la production mondiale de semi-conducteurs se trouve à un jet de pierre de la Chine…

Sur l’île de Taïwan.

Et vous le savez sûrement : pour le gouvernement chinois, Taïwan fait partie de la Chine.

C’est là qu’a fui le gouvernement nationaliste après la victoire des communistes, et depuis les tensions n’ont jamais cessé.

Le continent et l’île se proclament respectivement « la vraie Chine », alors forcément ça ne risque pas de se calmer.

D’autant que Taïwan est un allié proche du bloc occidental…

Mais voilà quelques années que la pression monte dangereusement :

Ce qui nous permet d’avancer un scénario catastrophe mais largement envisageable :

La Chine, qui brûle de reconquérir Taïwan, pourrait décider de passer à l’action suite aux mesures restrictives dont on vient de parler, et faire d’une pierre deux coups : la réunification ET la récupération des 2/3 de l’industrie MONDIALE des semi-conducteurs.

C’est d’ailleurs un plan que l’Occident a commencé à anticiper il y a un peu plus d’un an…

… et c’est pour cette raison que des puissances comme les USA, l’Europe ou encore le Japon ont amorcé le « Plan Kairos », une stratégie de développement technologique axée sur les semi-conducteurs.

L’objectif du Plan Kairos est de pouvoir se passer de Taïwan en cas de reconquête chinoisie… et pour y parvenir, des centaines de milliards de dollars sont investis pour doper le secteur des semi-conducteurs américains.

C’est une incroyable opportunité d’investissement, car tout est réuni pour faire exploser cette entreprise.

Amicalement,

Marc Schneider