Mobilisation en Russie, hausse des taux aux US : l’automne sera crépusculaire

Chère lectrice, cher lecteur,

En ce moment, j’ai envie de vous écrire de très longs messages.

Je ne sais pas si vous avez aussi cette impression, mais je me sens comme si l’Histoire s’était réveillée sous nos yeux.

Vous voyez ce que je veux dire ?

Cette impression de fin du monde…

Nous sommes à un de ces moments gramsciens : « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres ».

Car oui, ne vous méprenez pas : cette atmosphère d’apocalypse, nous ne sommes pas les premiers à la vivre… chaque période historique connaît ses moments de rupture, où plusieurs cycles s’achèvent en même temps, ce qui donne une impression de fin définitive.

Mais en réalité… il y a toujours un nouveau modèle qui émerge.

Nous vivons un ensemble de termes, qui vus de loin donnent l’impression d’un Béhémoth informe, mais que l’on peut découper sans mal si on le regarde en face :

  • Nous sommes à la fin de l’hégémonie américaine/occidentale, et c’est un monde multipolaire qui se dessine.
  • Nous sommes à la fin d’un cycle économique conçu comme une fuite en avant qui carbure à la dette. Une cascade de défauts de paiement s’annonce (et c’est pour cette raison qu’investir devient une nécessité !).
  • Nous sommes au début d’une refondation quasi-totale de notre modèle énergétique.
  • Nous sommes au début d’une crise migratoire et civilisationnelle sans précédent, avec des mouvements de population massifs.

Je pourrais égrener d’autres formes de rupture, notamment sur les plans technologique et moral… mais vous commencez à me connaître : quand je suis lancé, j’ai du mal à m’arrêter.

Et je ne tiens pas à ce que mes messages vous prennent des heures à lire.

C’est pourquoi aujourd’hui, j’ai décidé de m’en tenir à deux nouvelles qui vont fortement impacter les marchés – et la situation géopolitique au global : la hausse des taux aux US et la mobilisation partielle décrétée par Poutine.

La FED appuie sur le champignon

C’était attendu, ils l’ont fait : la FED (banque centrale américaine) a encore monté ses taux de 75 points de base.

Les taux directeurs américains sont désormais dans une fourchette de 3% à 3,25%.

La dernière fois qu’ils étaient aussi hauts, c’était en 2008… et dans sa déclaration, Powell (le patron de la FED) ne laisse planer aucun doute sur l’avenir :

  • La croissance sera quasi nulle pour 2022
  • Le chômage va grimper
  • Il faudra probablement remonter les taux d’intérêt

On parlait de fin de cycle, il semble bien que celui de l’argent gratuit soit loin derrière nous…

Et si, d’un sens, ça n’est pas plus mal pour le long terme, deux choses :

D’abord, certains économistes comme le prix Nobel Joseph Stiglitz dénoncent une forme de masochisme inutile dans la hausse excessive des taux.

Le débat vient de notre incapacité à connaître avec certitude l’origine de l’inflation… car si l’inflation « classique » naît d’une trop grande masse monétaire en circulation ou d’un choc de demande à la hausse, elle peut aussi survenir à cause de blocages dans les chaînes d’approvisionnement ou être « importée » à cause des prix de l’énergie ou de l’alimentation qui montent partout sur la planète…

Or, l’inflation « importée » ou causée par des chaînes d’approvisionnement défaillantes ne se règle pas de la même façon que l’inflation classique.

Et les banques centrales peuvent nettement moins agir sur ce type d’inflation.

C’est pourquoi Stiglitz parle d’un « remède issu d’un mauvais diagnostic ».

Et il considère que ce remède pourrait aggraver le mal, en faisant flamber le prix des loyers et faire le jeu de l’inflation tout en cassant l’activité économique.

Quant à moi, je n’ai pas encore reçu mon prix Nobel d’économie, donc je n’ai pas d’avis tranché sur la question…

Mais je suis ce débat de très près car une chose est sûre : il concerne encore plus l’Europe que les USA, car nous sommes largement plus exposés à l’inflation importée et aux défaillances logistiques que les Américains.

Cela étant, je ne change pas d’avis sur la question sous-jacente de l’investissement : ça swingue aux US, mais ils se remettront plus vite et plus fort de cette crise que nous – je vous reparle de la situation européenne dans un prochain message.

En attendant, traversons le détroit de Béring…

300 000 Russes mobilisés pour combattre en Ukraine

Pendant que Powell essaie de réparer l’économie aux US, Poutine monte d’un cran en Ukraine.

En Russie, une « mobilisation partielle » est décrétée : 300 000 réservistes vont partir pour l’Ukraine – sachant que 200 000 soldats ont été déployés jusque-là.

Le rôle de ces soldats sera de sécuriser et de consolider les territoires passés sous contrôle russe, à savoir l’Est du pays.

Cette mobilisation, pour être comprise, doit être mise en parallèle avec une autre annonce : 4 régions ukrainiennes organiseront dès demain (23 septembre) des référendums d’annexion à la Russie (Kherson, Louhansk, Donetsk et Zaporijia).

À mon sens, les 300 000 réservistes sont mobilisés pour entériner l’annexion de ces régions, qui pourrait marquer la fin de la guerre… ou le début d’un nouveau narratif.

Car la question de l’obédience ukrainienne est un vrai sujet.

Les Ukrainiens, s’ils n’ont définitivement pas souhaité la guerre, veulent-ils intégrer le bloc occidental qui s’est reconstitué pour l’occasion ?

Pas sûr. Pas tous.

L’entrée de l’Ukraine dans l’UE, son rapprochement avec l’OTAN, ces « lignes rouges » définies par Poutine (dont l’Occident semble se moquer), sont-elles conformes à la volonté ukrainienne ?

Prenez la carte linguistique de l’Ukraine :

Il y a une rupture linguistique évidente et un delta culturel entre Est et Ouest.

Cela ne signifie pas que tous les Ukrainiens de l’Est veulent rejoindre la Russie, quoique la géographique électorale (notamment lors de l’élection de 2010 entre Ianoukovytch et Tymochenko) nous révèle une divergence majeure dans les aspirations du peuple ukrainien…

D’ailleurs, c’est ce qui devrait nous amener à penser l’Ukraine comme un espace de transition, qui gagnerait à rester neutre, mais ce n’est pas le débat.

Quoi qu’il en soit, les référendums organisés en pleine guerre n’ont pas grande valeur, et la communauté internationale ne reconnaîtra pas leur validité.

C’est un nouveau moment du conflit, et il confirme une théorie émise dès les premiers déboires russes : « l’opération spéciale » va se recentrer sur les régions de l’Est et du Sud, et après la guerre d’expansion se tiendra un conflit de positions.

Reste à savoir quelle sera l’attitude de Poutine et celle des Occidentaux : si le chef du Kremlin a montré les muscles et fait allusion à l’arme nucléaire, les réactions côté occidental sont diverses.

Zelensky, comme d’habitude, a remis de l’huile sur le feu en déclarant ne pas y croire… Là où les USA ont affirmé prendre la menace très au sérieux. Et Macron veut « mettre la pression » à Poutine…

Une chose est sûre, plus l’on approche du dénouement (même si ça n’est pas pour après-demain), plus le risque d’échappement est à craindre.

Et dans ce contexte où la violence froide de Poutine rencontre l’hypocrisie et l’hystérie des leaders d’Occident… J’aimerais vous dire qu’un des deux camps a tout juste, mais je vous mentirais.

Ne comptez pas sur moi pour donner un blanc-seing à l’UE, qui est en train de se dynamiter en prétextant combattre pour la liberté… Ni pour laisser libre cours aux fantasmes de « dénazification » de l’Ukraine par une Russie libératrice.

Soyons réalistes : tout ça est une affaire de pouvoir, d’énergie et d’argent, comme l’essentiel de l’Histoire humaine.

Et ensuite ?

Bon. Vous avez compris, il n’y a pas de quoi tirer un feu d’artifice ces temps-ci.

Mais comme je le disais au début de mon message, ça n’est pas la fin du monde, c’est la fin simultanée de plusieurs cycles.

Notre rôle dans ce bourbier c’est de comprendre, et de nous protéger des séismes qui donnent au monde sa nouvelle forme.

C’est pourquoi je vous propose régulièrement de recevoir mes stratégies d’investissement : bien sûr, c’est mon métier et c’est ce qui me fait vivre – mais c’est aussi ce que je fais pour moi-même et mes proches.

Cette année, j’ai mis sur pied le Portefeuille Forteresse avec mes partenaires américains… et c’est sans doute une des meilleures stratégies vu le contexte.

Je vous révèle tout ici.

Amicalement,

Marc Schneider

La Lettre Argo Éditions

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CLAUDE DE BO
CLAUDE DE BO
1 année il y a

Je l’ai lue et j’en tire beaucoup de bienfaits.
Merci encore.

AUBERGER
AUBERGER
1 année il y a

Je pense que seul l’or peut nous préserver de la crise mondial devant l’éfondrement de la bourse l’hyper inflation n’est pas loin ..

Manuel
Manuel
1 année il y a

Excellente analyse que je partage complètement. Nous allons inexorablement vers un changement de paradigme.

Reste à savoir quelles seront les conséquences à venir pour ce changement inéluctable.

Pour être honnête, je crains fort que ce soit extrêmement douloureux.