L’Occident VS la Russie : qui va sombrer le premier ?

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Chère lectrice, cher lecteur,

L’autre jour, je suis tombé sur une vidéo lunaire. Ça se passe sur le plateau du média Politico.

La commissaire Margrethe Vestager est interviewée par un journaliste, et quand la conversation arrive sur la guerre en Ukraine, la voilà qui nous sort une tirade déjà culte :

« Tout le monde me demande « Qu’est-ce que je peux faire [contre ça] ? Vous pouvez faire deux choses : surveillez bien vos douches et celles de vos enfants. Et dès que vous coupez l’eau, vous dites « Prends ça, Poutine ! » »

C’est donc ça, le nouveau projet européen : prendre des douches de 30 secondes pour emm*rder Poutine ?

Apparemment oui. Car dans un registre plus lyrique mais tout aussi ridicule, notre président a appelé les Français à « accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ».

Si c’était pour dire ça, il aurait pu rester sur son jet-ski…

Car trois choses :

1/ Ça n’est évidemment pas lui qui paie. Vous trouverez ça un peu démago, peut-être. Mais je vous assure qu’à voir des retraités se saigner pour remplir leur cuve de fioul (souvent à moitié), je commence à avoir leurs leçons de morale en travers de la gorge.

2/ Personne n’a choisi ça. Personne n’a été consulté sur ce qu’il fallait faire vis-à-vis de l’Ukraine. On paie déjà le « prix de notre liberté et de nos valeurs »… mais à aucun moment on n’a donné notre accord pour la moindre transaction. En clair : je ne suis pas sûr que l’on doive quoi que ce soit à l’Ukraine. Accueillir des réfugiés ukrainiens, pourquoi pas. Envoyer des armes ? Ça se discute. Saigner nos plus pauvres avec des sanctions qui nous reviennent en boomerang ? C’est de la folie.

3/ Est-ce que ça marche, au moins, les sanctions ? C’est l’objet de mon message.

La Russie « gavée de cash » depuis la guerre ?

Après les déclarations de Bruno Le Maire, notre quasi-Prix Nobel d’économie qui voulait « provoquer l’effondrement de l’économie russe », on se disait que la Russie n’en avait plus pour longtemps.

Après tout, la prévision émanait d’un ministre sérieux, qui annonce le pic de l’inflation tous les 3 jours depuis 6 mois…

Je plaisante.

Si l’on est un peu sérieux : oui, au début, on voyait mal comment la Russie pourrait résister aux sanctions.

Ensuite, on a vu les prix de l’énergie exploser, et avec elle l’inflation européenne. Le spectre d’un hiver sans gaz nous a fait paniquer.

De l’autre côté, la Russie n’affichait aucun signe extérieur de faiblesse… Sinon quelques oligarques qui ont une fâcheuse tendance à mourir, ces derniers mois.

Rapidement le narratif a changé : c’est l’Europe qui était en train de couler, et la Russie serait quant à elle plus forte que jamais.

Mais tout ça, c’est justement du narratif

Si l’on s’en tient aux chiffres, c’est plus compliqué.

D’un côté, sur les exportations d’énergie, là oui :  la Russie se gave.

Car si l’on dit aux Russes « on n’achète plus vos hydrocarbures », les marchés se déchaînent. La spéculation va bon train, les prix montent car on redoute une pénurie…

Résultat : la Russie exporte 10% de barils de pétrole de moins que l’année dernière, pourtant ses recettes ont grimpé de 40%.

Elle exporte moins, elle gagne plus. Et nous on souffre.

Une Europe kamikaze (et hypocrite)

Dans le même temps, la hausse des prix de l’énergie nous frappe de plein fouet, car en Europe nous sommes plus acheteurs que producteurs.

Surtout avec la moitié du parc nucléaire français à l’arrêt… mais j’en parlerai une autre fois.

C’est pour cette raison que l’inflation explose (mais ça n’est pas la seule raison) et que la croissance ne risque pas de galoper avant longtemps

Car n’oubliez pas ce que répète souvent Charles Gave : l’économie, c’est de l’énergie en mouvement.

Mais ce n’est pas tout. L’ironie suprême, c’est qu’on continue d’acheter du pétrole russe en faisant mine de ne pas le voir.

Depuis le début des sanctions, l’Inde importe 6 fois plus de pétrole russe… et exporte 3 fois plus de pétrole vers l’Europe.

Bizarre, n’est-ce pas ? On commence à penser que les Indiens nous refilent du pétrole russe en prenant une petite marge…

Et puisque les compagnies indiennes refusent catégoriquement de dire d’où vient ce pétrole qu’ils exportent plus que jamais, il n’y a pas de doute à avoir : on achète du pétrole russe aux Indiens.

Plus cher que si on l’achetait aux Russes.

En résumé : avec l’inflation à 9,1% en Zone Euro (fin août), la croissance atone et la crainte de coupures d’énergie cet hiver, l’Europe a morflé.

Pendant ce temps, la Russie a doublé son excédent commercial et ne semble pas reculer d’un pouce.

Pour autant, ne comptez pas sur moi pour louer la « solidité » et la « résilience » de la Russie… car eux aussi sont mal barrés.

Une explosion à retardement ?

On pense ce qu’on veut de l’Occident et de sa probable déliquescence…

Force est d’admettre qu’on a quand même guidé le monde depuis une paire de siècles. Et qu’on a pris de l’avance.

Donc les sanctions ne sont pas indolores pour les Russes non plus.

Les deux tiers (66%) des importations russes de haute technologie viennent de l’Europe et des USA.

Machines-outils et semi-conducteurs manquent cruellement en Russie. Des secteurs importants, comme l’automobile, se sont effondrés.

L’aviation souffre aussi : près de 70% des avions civils russes sont d’origine étrangère, et l’embargo rend leur maintenance impossible.

Il semblerait que la Russie doive sacrifier une partie de ses avions pour faire fonctionner ceux qui restent. La sécurité aérienne en Russie devient un vrai sujet.

D’après le FMI, le PIB russe devrait reculer de 6% cette année, près de 4% l’an prochain, avec une inflation galopante. En clair : pas mieux que chez nous.

Mais gardez bien à l’esprit que tout ceci est dur à lire : depuis le début de la guerre, la Russie ne communique presque plus aucune donnée économique.

C’est peut-être le signe de quelque chose.

Sans compter, évidemment, le coût direct de la guerre en Ukraine en hommes, armes, véhicules, énergie etc…

Certains parlent aussi d’une chute du secteur pétrolier, faute de pièces importées pour moderniser les infrastructures…

Mais je pense qu’à ce stade, il faut prendre un temps de recul : ce n’est pas le monde entier contre la Russie.

Elle a ses partenaires qui peuvent continuer à la livrer, et faire office d’intermédiaires (comme les Indiens pour nous…).

Cette carte suffit à en témoigner (Source : Le Grand Continent) :

On voit d’ailleurs qu’aucun autre membre des BRICS (Brésil, [Russie], Inde, Chine et Afrique du Sud) n’a condamné la Russie…

« Crève-moi un œil »

Cette histoire entre Europe et Russie (les USA souffrent beaucoup moins) me rappelle une petite fable que j’ai entendue il y a quelques années.

C’est l’histoire d’un homme qui reçoit la visite d’un génie.

Le génie lui dit : « J’exaucerai un des tes vœux, n’importe lequel… mais ce que tu me demandes, je l’offrirai aussi en double à ton voisin ».

L’homme passe la nuit à réfléchir. Tout lui passe par la tête : de l’argent, des femmes, du bétail… Mais à chaque fois, la possibilité que son voisin gagne le double le rattrape.

Au petit matin, il retrouve le génie.

« Alors, que vas-tu me demander ? »

L’homme sourit d’un air mauvais et lui dit : « Crève-moi un œil ».

Je suppose que vous voyez où je veux en venir.

Bien sûr, on peut discuter longtemps du bien-fondé des sanctions.

Vous savez que je suis sceptique à ce sujet.

Quoiqu’atterré par la situation que vivent les civils ukrainiens, dont je pense qu’il faut les aider, je reste plutôt branché Realpolitik.

Je ne sais plus quel éditorialiste parlait de la « victoire morale des Européens » l’autre jour… Je crois qu’on peut difficilement émettre un commentaire plus hors-sol que ça.

Pas avec notre économie qui coule, pas avec l’hiver qui vient. Pas avec l’Euro que tout le monde qualifie de monnaie de singe.

Pour ceux qui veulent protéger leur argent pendant qu’il vaut encore quelque chose, je vous invite à lire ceci.

C’est un des piliers de ma stratégie d’investissement : cette technologie connaîtra la plus forte croissance de la décennie, mais très peu d’investisseurs l’ont compris.

Amicalement,

Marc Schneider

La Lettre Argo Éditions

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moi
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2 années il y a

Non merci, votre monde cauchemardesque ne m interesse pas…

Adrien Salvatori
Adrien Salvatori
2 années il y a

bonjour j ai bien lu vos commentaires sur la Russie et cette guerre que nous subissons qui n etait pas la nôtre .
la bourse dégringole et j’ hésite s il faut faire du DCA ou acheter de l or à la place. .Qu en pensez vous
bien cordialement Salvatori Adrien

TOGNOLI
TOGNOLI
2 années il y a

Bonjour,
Il faudra deux années à l’industrie russe pour mettre en forme les pièces de rechange du secteur de l’aéronautique et certainement une accélération de la technologie dans les autres domaines. Ils ont les moyens financiers et la matière grise.
La notion de « soutien » est à définir, si nous parlons des échanges commerciaux touchant les énergies, alors il faut revoir la carte, le financement de la guerre est assurée à moyen terme.
A court terme, nous entrons dans des problématiques et ce n’est pas quelques paroles politiques qui changeront le quotidien et la réalité des faits.

pierre-seguinetoutlook.fr séguinet
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2 années il y a

Bonjour cher Mr. SCHNEIDER,

je vous ai écrit la semaine dernière concernant les soit disant gains mirobolant que vous proposez, je n’ai toujours pas eu de réponse ………………………..
j’attends votre réponse avec impatience

pierre-seguinetoutlook.fr séguinet
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2 années il y a

SCHNEIDER Président…. SCHNEIDER Président…………SCHNEIDER Président tralala tralala