Les « terres rares » n’existent pas

terres-rares

Chère lectrice, cher lecteur,

Non, non et non.

Les terres dites “rares” ne sont PAS rares.

Et d’ailleurs, ce ne sont pas des “terres” non plus !

Ce sont des métaux.

Et ils sont très présents dans la nature.

                              (certains sont aussi abondants sur Terre que d’autres métaux communs comme le cuivre, ou le nickel…)

Donc on n’en manque vraiment pas !

                              (au contraire des métaux précieux comme l’or, ou l’argent)

Les 17 métaux qui sont appelés “terres rares” sont :

  • le scandium
  • l’yttrium
  • et la famille des 15 lanthanides (lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, prométhium, samarium, europium, gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium et lutécium)

 

Voilà, vous les aurez lus au moins une fois !

Mais pourquoi font-ils couler autant d’encre ?

Parce qu’ils ont des propriétés physiques exceptionnelles pour l’industrie et le développement des technologies de pointe.

Ils sont indispensables pour faire fonctionner nos smartphones, nos télévisions, nos ordinateurs, nos ampoules basse consommation, nos voitures électriques, nos batteries, nos éoliennes, etc…

Ils sont donc très convoités par tous les pays.

Mais qu’est-ce qui se cache vraiment derrière ces 17 éléments ?

 

Plus difficiles à extraire que rares

On trouve des terres rares partout et dans des quantités parfois gigantesques.

Par exemple, il y aurait à l’Ouest du Japon, sous l’océan Pacifique, un gisement estimé à 16 millions de tonnes de terres rares.

Ce qui représenterait jusqu’à 800 ans d’approvisionnement mondial.

Le problème…

                              … c’est d’aller les chercher sous 5’000 m d’eau !

L’extraction des terres rares est donc difficile et très coûteuse.

Les réserves accessibles sont très recherchées et certains pays (en particulier la Chine) restent flous sur leurs volumes réels exploitables.

Cela leur permet d’entretenir une incertitude sur la quantité qu’ils peuvent produire et de créer un effet de rareté qui fait monter les prix…

Mais cette difficulté d’extraction n’est pas le seul problème des terres rares…

 

Plus polluantes à extraire que rares

La proportion de terres rares dans un volume de minerais est très faible.

Cela veut dire qu’il faut sortir des tonnes et des tonnes de terre pour récupérer une petite quantité de métaux !

Les mines de terres rares sont donc gigantesques et très profondes.

Ce qui détruit l’environnement, les forêts, la faune sauvage…

Et EN PLUS ces métaux sont ensuite difficiles à séparer du reste du minerais.

Pour y arriver, il faut utiliser beaucoup de produits chimiques et de solvants acides qui s’infiltrent dans les sols et polluent les nappes phréatiques…

C’est pour cela que ces métaux divisent le monde :

Tout le monde en a besoin…

                              … mais personne ne veut faire le sale boulot pour aller les extraire !

 

Plus stratégiques que rares

Les pays industrialisés qui possèdent des terres rares ont abandonné leur extraction en raison du coût élevé de production et des contraintes environnementales.

                              (sans parler des conditions de travail abominables des ouvriers sur ces sites…)

Résultat ?

La Chine (qui ne s’arrête pas à ce genre de “détails”) est devenu LE leader mondial de la production des terres rares.

Elle fournit 90 % de la demande.

Et cela lui donne un levier de “négociation” énorme face à tous ses concurrents (on pourrait presque dire qu’elle impose ses conditions à tout le monde…)

Elle peut fixer ses prix selon ses intérêts et en fonction de ses ambitions géopolitiques du moment.

Par exemple, en 2011, elle a décidé d’imposer des quotas à l’exportation des terres rares…

                              … et les prix de certains métaux ont été multiplié par 100 !

Imaginez si demain elle décide d’aller plus loin et de couper l’approvisionnement en terres rares aux industries américaines

Cela pourrait être un motif de guerre immédiate pour les USA.

 

À quand la fin des tensions ?

Si les pays industrialisés ne veulent pas détruire leur environnement avec l’extraction de terres rares.

Et s’ils ne veulent pas non plus être dépendants de la production chinoise…

Alors ils doivent limiter leur consommation de terres rares.

Cela veut dire qu’il faut trouver de nouveaux matériaux capables de les remplacer dans les batteries, dans les éoliennes, etc…

La recherche se tourne donc vers de nouvelles technologies (comme les supraconducteurs) ou d’autres métaux (comme la ferrite).

Mais la piste la plus sérieuse en ce moment reste le développement de la filière de recyclage.

Et il y a de la marge !

Car pour l’instant seul 1 % des terres rares présentes dans nos appareils est recyclé

C’est ridicule.

En attendant, la Chine a encore de beaux jours devant elle pour profiter de son avantage concurrentiel et cela promet encore beaucoup de tensions sur le marché des terres rares…

Amicalement,

Marc Schneider

La Lettre Argo Éditions

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Patrick Brisset
Patrick Brisset
1 année il y a

Bravo Marc ! C’est très intéressant et encourageant en ce passage de bcp de dangers !
Merci !

Boutté
Boutté
1 année il y a

Sur le territoire maritime français les océans renferment de « nodules polymétalliques » en abondance mais difficiles à exploiter . Quand le problème sera résolu mon pays sera chassé du Pacifique comme il le fût du Sahara après qu’on y ait décellé du fuel et du gaz.