Fatigue décisionnelle : le piège des investisseurs chevronnés

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Chère lectrice, cher lecteur,

Décider nous fatigue.

Même ceux qui s’estiment « décideurs », même ceux dont c’est le métier… souffrent de ce phénomène appelé fatigue décisionnelle.

La fatigue décisionnelle, c’est le fait que vos décisions perdent en qualité au fur et à mesure que vous en prenez.

C’est une conséquence immédiate, logique, d’une activité mentale soutenue : votre esprit s’embrume et vos idées s’emmêlent.

Jusqu’ici je ne vous apprends rien… mais ce que vous ignorez peut-être, c’est que la fatigue décisionnelle n’a rien d’anecdotique.

En fait, la plupart des personnalités les plus connues au monde œuvrent, dans leur quotidien, pour échapper à cette fatigue décisionnelle… car si nos décisions de particuliers n’impactent que nous, une erreur d’appréciation chez Joe Biden ou un investissement mal senti chez Warren Buffett sont autrement plus dommageables.

Cela étant, vos décisions sont les points d’inflexion de votre vie. Alors même si vous n’avez pas des milliards sous gestion ou le destin d’un pays entre les mains, j’aimerais partager avec vous quelques astuces d’hygiène décisionnelle, valables pour la vie en général, mais surtout applicables à l’investissement.

Le t-shirt de Zuckerberg

Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, est connu pour porter toujours la même tenue. Un t-shirt gris, un jean, des baskets.

Bien sûr, on peut penser qu’il est juste indifférent à son style… mais porter tous les jours les mêmes vêtements, ce n’est plus de l’indifférence : c’est un choix.

Quand on l’interroge à ce sujet, Zuckerberg répond que sa tenue ne varie pas pour lui éviter de se poser la question.

Avec un emploi du temps comme le sien, explique-t-il, il faut couper toutes les décisions inutiles et garder son énergie mentale intacte pour ce qui compte vraiment.

Il n’est pas tout seul à pratiquer cette technique de « l’uniforme » : Barack Obama et Steve Jobs faisaient la même chose.

Sur le moment, ça peut sembler trivial, symbolique… mais quand on y pense, c’est assez clair : si tous les matins vous hésitez entre :

  • Ce que vous allez mettre
  • Ce que vous allez manger
  • Comment vous allez vous rendre au travail
  • Ce que vous ferez en premier

Evidemment, vous allez vous disperser. Et quand des décisions vraiment importantes se présenteront, vous serez moins alerte, moins affûté. Plus enclin à vous tromper, conséquemment.

Les extrêmes de la fatigue décisionnelle

On dit souvent qu’une bonne décision est équilibrée : elle prend en compte un nombre suffisant de paramètres, sans se laisser paralyser par une surabondance de données. Elle est rationnelle sans occulter l’aspect humain des choses. Elle a ce qu’il faut de radicalité, ce qu’il faut de pondération.

Les symptômes de la fatigue décisionnelle se trouvent aux deux extrêmes de cet équilibre :

  • D’un côté, le statu quo, la paralysie décisionnelle, le trop plein d’informations… parce que vous ne vous laissez aucune marge d’erreur, vous voulez prendre la décision parfaite… donc, vous ne prenez pas de décision. Paralysé.
  • De l’autre, la décision hâtive, émotionnelle, brutale parfois. Vous trépignez, vous ne vous pondérez pas, et c’est l’insaisissable glaive du hasard qui tranche pour vous. Quitte à ce que vous regrettiez par après.

Vous connaissez sûrement des gens qui prennent des décisions à l’emporte-pièce, qui achètent pour 3000€ d’actions Tesla « parce que mon voisin m’a fait conduire sa Tesla, c’est très sympa »… et d’autres qui sont incapables de choisir un dessert au restaurant, comme si le destin du monde se jouait sur la question « sorbet ou profiteroles ? ».

Dans un cas comme dans l’autre, vous comprenez bien pourquoi ces attitudes n’ont pas de sens. Mais alors, comment les éviter, puisqu’elles sont si fréquentes ?

Voici 5 éléments de réponse.

5 conseils pour prendre de meilleures décisions

Le premier conseil que je puisse vous donner, c’est de limiter le nombre de décisions quotidiennes que vous devez prendre.

C’est simple, mais ça marche : décidez une fois pour toutes de vos tenues, ou de vos petit-déjeuners, ou de votre organisation… transformez en routines déjà tranchées les décisions que vous n’aimez pas prendre.

Le deuxième conseil est de continuer à prendre des décisions que vous aimez. Si votre tenue est importante, par exemple, continuez à choisir avec soin vos vêtements. Il ne s’agit pas de rendre votre quotidien morose et terne, mais de couper les décisions inutiles.

Le troisième conseil, dans la veine du premier, est d’automatiser tout ce qui peut l’être. C’est particulièrement applicable dans l’investissement : si vous achetez en DCA, automatisez les ordres récurrents pour n’être pas tenté de déroger à la règle selon telle disposition particulière. Si vous avez prévu un hard stop à un certain prix, même chose : passez l’ordre par avance. Simplifiez-vous la vie.

Le quatrième conseil est de découper vos décisions. Par exemple, « investir en bourse » n’est pas une décision mais un projet, qui nécessite plusieurs décisions :

  • Quelle somme investir ?
  • Sur quels actifs ?
  • Avec quelle répartition ?
  • À quelle fréquence ?
  • Etc…

Or, la fatigue décisionnelle peut vous venir rapidement… et après avoir choisi scrupuleusement quelles actions favoriser avec quel montant, vous aurez peut-être envie d’aller vite, de « bazarder » les dernières décisions… et donc, vous ferez des erreurs au moment fatidique. Ne vous laissez pas avoir.

Enfin, le cinquième et dernier conseil est de modéliser vos prises de décisions : choisissez un nombre maximum de paramètres à prendre en compte, dessinez des arbres de décision avec les conséquences pour chaque option, faites des tableaux pour/contre… pour choisir avec soin, sans vous laissez paralyser par l’extrême opposé de la hâte, à savoir le statu quo.

Décider, c’est simple, naturel même quand on n’y pense pas… mais il vaut largement la peine de s’intéresser à comment on décide, pour apprendre à le faire mieux.

Pour vous aider dans les choix d’investissement que vous ferez, j’ai préparé un rapport complet, documenté, sur une tendance majeure de notre époque. Vous trouverez les détails ici.

Amicalement,

Marc Schneider

La Lettre Argo Éditions

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ODEYER Gérrad
ODEYER Gérrad
2 années il y a

Bonjour,
Langage simple compréhensible sauf pour DCA que l’on pourrait écrire en toutes lettres ? De quoi s’agit-il ? N’oubliez pas que vous avez souvent à faire à des néophytes !!!
J’apprécie le temps de lecture qui permet de maîtriser son emploi du temps !
Cordialement

Peter
Peter
2 années il y a

J’ai beaucoup aimé la lettre, c’est vraiment intéressante…les sujet abordé est tout aussi important

Pierre Schütz
Pierre Schütz
2 années il y a

Bonjour Marc,
Cette lettre est très Réel, (il ne faut pas mettre les deux pieds dans le même sabot!!)
Bonne explication, très claire,.
Bonne Pâques.
Pierre

Fivel Pascal
Fivel Pascal
1 année il y a

Bonjour Marc,
je tiens à vous féliciter pour la qualité et la clarté de vos lettres qui, au delà des aspects financiers, proposent une lecture documentée de l’évolution des talents humains qui me remplit d’allégresse.
C’est une vision optimiste que je partage, mais elle est tellement à contre courant du consensus majoritaire que je suis toujours agréablement surpris de constater que cet optimisme progresse.
Et, 🍒 sur le 🍰, c’est une source d’enrichissement économique.
Merci et longue vie à vos publications
Pascal Fivel