Bitcoin est-il une catastrophe écologique ?

Retour sur un frein à l’adoption massive des cryptomonnaies

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Chère lectrice, cher lecteur,

Avec 6% de la population mondiale qui détient des cryptos, l’écosystème est définitivement sorti de sa grotte…

Mais 6%, ça n’est pas encore le “grand public”.

La plupart des gens ignorent à quoi servent les cryptos.

Ils ne savent pas comment en acheter, ni pourquoi ils devraient le faire.

On entend beaucoup de contre-vérités à propos des cryptos.

Ce serait la monnaie des hackeurs et des terroristes, elle servirait surtout au crime organisé…

De quoi créer de nombreux fantasmes et éloigner le grand public.

D’ailleurs, quand on voit qui propage ces rumeurs – infondées, j’y reviendrai – on réalise qu’elles viennent surtout de personnes et d’institutions qui ont beaucoup à perdre avec l’adoption massive des cryptoactifs : grands banquiers, politiciens très interventionnistes…

Tous ceux qui n’ont pas intérêt à ce que le système financier évolue véhiculent des fake news comme celle-ci.

Or, ces fake news ne résistent pas à l’épreuve des faits.

Pour l’allégation de « monnaie du crime organisé », on voit bien que ça ne tient pas 2 minutes.

Bitcoin est une monnaie ultra-transparente et il est tout à fait possible d’identifier les bitcoins qui ont transité par des adresses liées au crime organisé.

Les transactions sont toutes publiques et infalsifiables, ce qui n’est pas vraiment ce que recherche le crime organisé… D’où leur préférence pour l’argent liquide physique – les billets étant infiniment moins traçables que les bitcoins.

Mais un autre reproche qui revient régulièrement, c’est ce que Bitcoin serait une catastrophe écologique.

Ainsi, plus on utiliserait ce moyen de paiement, plus on détruirait la planète…

Cette théorie a de quoi rebuter. Et c’est exactement ce pour quoi elle est faite.

Mais est-ce la réalité ?

Bitcoin consomme beaucoup d’énergie – mais ce n’est pas le cas de toutes les cryptos

Ce qu’il faut d’abord dire, c’est qu’en effet, Bitcoin consomme beaucoup d’énergie.

D’après une étude du Cambridge Centre for Alternative Finance, la consommation électrique de Bitcoin (128 térawatt-heure) représente 0,6% de la production mondiale d’électricité, soit un peu plus que la consommation électrique de la Norvège (5 millions d’habitants).

C’est beaucoup. Et ça vient du minage de bitcoins, c’est-à-dire la validation des transactions par les mineurs.

Mais cela ne signifie pas que toutes les cryptomonnaies sont aussi énergivores…

Je m’explique : le mode de validation des transactions utilisé par Bitcoin est la preuve de travail (proof of work).

Cela consiste à résoudre des problèmes mathématiques complexes en faisant tourner des programmes informatiques 24h/24 sur des superordinateurs.

Or, beaucoup d’autres cryptomonnaies comme Ethereum ont basculé sur une validation par preuve d’enjeu (proof of stake), qui est beaucoup moins énergivore.

La preuve d’enjeu consiste à faire valider les transactions dans une cryptomonnaie par des validateurs qui détiennent eux-mêmes un certain montant de jetons de cette cryptomonnaie.

Ainsi, comme ils sont parties prenantes, ils sont obligés de faire correctement leur travail pour ne pas que la valeur de leur actif s’effondre

Et en faisant bien leur travail, ils sont, comme les mineurs de bitcoins, récompensés dans la cryptomonnaie qu’ils valident – ils ont donc toujours plus intérêt à ce que les transactions soient justes.

La preuve d’enjeu consomme très peu d’électricité et reste un système extrêmement solide, car les validateurs sont nombreux, ne se connaissent pas et ont tous intérêt à ce que la validation soit effectuée sérieusement.

C’est donc un premier point à retenir, ne pas mettre toutes les cryptomonnaies dans le même panier.

Cependant, il y a peu de chances que Bitcoin devienne un jour une cryptomonnaie à validation par preuve d’enjeu.

La preuve de travail reste le système inviolable par excellence, et c’est le positionnement de Bitcoin : être « l’or numérique » absolument inaltérable.

Ainsi, il ne faut pas se voiler la face : oui, Bitcoin consomme de l’énergie.

Mais est-ce vraiment un problème ?

Consommer de l’électricité, ça ne veut pas dire polluer

Les mineurs de bitcoins ont besoin de beaucoup d’électricité pour valider des transactions. En les validant, ils sont payés en bitcoins. C’est leur modèle économique.

Aussi, pour accroître leur rentabilité, les mineurs de bitcoins cherchent l’électricité la moins chère. Et cela les conduit à se tourner vers les énergies renouvelables…

C’est ainsi que beaucoup de gros mineurs de bitcoins se sont implantés à proximité d’infrastructures énergétiques propres.

C’est le cas de l’entreprise Bitfarms, au Canada, qui se trouve dans une région riche en barrages, pour profiter d’énergie hydraulique à bas prix – elle a même signé un partenariat avec une grande entreprise publique qui produit cette énergie propre.

Ainsi, son coût de minage est presque 15% inférieur au coût moyen de ses concurrents.

La plupart des grands mineurs de bitcoins se tournent vers les énergies renouvelables, qu’il s’agisse d’hydraulique, de solaire, d’éolien… ce qui allège leurs factures d’électricité, les rendant compétitives ET écologiques.

Mais ça ne s’arrête pas là.

En fait, la synergie entre minage de bitcoins et énergies renouvelables est telle que pour beaucoup d’analystes, l’adoption massive des cryptos, Bitcoin en tête, va accélérer la transition écologique.

Comment Bitcoin va accélérer la transition écologique

Un des problèmes majeurs de l’énergie verte, c’est qu’elle n’est pas aussi « pilotable » que le charbon ou le gaz.

Cela signifie qu’on ne peut pas moduler, ajuster ou couper sa production.

Quand il y a du vent, les éoliennes tournent, quand il y a du soleil, les panneaux solaires absorbent. On ne peut pas faire autrement.

C’est aussi un problème pour l’énergie hydraulique : quand les lacs de retenue des barrages sont pleins sans que le réseau électrique en ait besoin, il faut bien quelqu’un pour acheter ce surplus d’énergie…

Et comme on l’a vu, le réseau Bitcoin tourne 24h/24.

Il y aura donc toujours des mineurs pour acheter cette énergie, et en éviter la déperdition, les surplus gâchés, les frais de rétention et les revenus par à-coups.

En clair, Bitcoin favorise par sa structure les énergies vertes, qui tournent en continu et ont besoin de clients qui eux aussi tournent en continu.

Cela signifie que Bitcoin contribue à rentabiliser la production d’énergie verte.

D’ailleurs, s’il est très énergivore déjà aujourd’hui, Bitcoin n’est déjà plus un problème écologique : toutes les estimations s’accordent à dire qu’entre 60 et 75% de l’énergie utilisée pour le minage de Bitcoin provient de sources renouvelables.

Bitcoin et les volcans du Salvador

Vous l’avez peut-être entendu, le Salvador est devenu le premier pays au monde à avoir adopté Bitcoin comme une monnaie légale.

À présent, le gouvernement salvadorien envisage de faire du minage de bitcoins public, grâce à une énergie propre, renouvelable et insolite : l’énergie volcanique.

Concrètement, le projet « Volcano Bitcoin Mining » passera par l’installation de centrales géothermiques, pour transformer la chaleur de l’activité volcanique en électricité, et utiliser l’électricité pour miner des bitcoins.

Preuve s’il fallait de la compatibilité entre cryptomonnaies et environnement…

Mais ce n’est pas tout.

La consommation d’électricité de Bitcoin n’est pas proportionnelle à son nombre d’utilisateurs

Je vous disais plus haut que contrairement à d’autres cryptomonnaies, Bitcoin ne passerait pas de preuve de travail à preuve d’enjeu pour sa validation…

Et donc, qu’il resterait énergivore.

Cependant, cela ne veut pas dire que plus il y a d’utilisateurs, plus Bitcoin va consommer d’électricité.

La relation entre les deux n’est pas proportionnelle, car même si le mode de validation reste le même, celui-ci évolue techniquement.

Le protocole Lightning Network, par exemple, est une solution de type « layer 2 » construite sur la blockchain Bitcoin, qui permet d’augmenter le nombre de transactions effectuées sur la blockchain sans consommer plus d’électricité.

Des titans comme McDonalds ou Starbucks l’utilisent déjà pour accepter les paiements en Bitcoin.

Notez bien, par ailleurs, que si l’on sait exactement combien Bitcoin consomme, ce n’est pas le cas pour le système bancaire traditionnel… et il y a fort à parier que cela représente beaucoup plus que les 128 térawatt-heure de Bitcoin.

Ainsi, il est probable que Bitcoin soit moins énergivore que le système qu’il permet de remplacer – mais nous n’en sommes qu’au tout début de cette grande bascule.

Enfin, gardons pour nous l’esprit critique et la saine distance nécessaires quand tombent des nouvelles telles que « Bitcoin est un désastre écologique car il consomme beaucoup d’électricité ».

Ici, le lien de causalité est fallacieux.

Ce n’est pas parce qu’on consomme beaucoup d’électricité qu’on détruit la planète.

L’important, c’est d’où vient l’électricité qu’on consomme… Et sur ce point, Bitcoin pourrait donner des leçons à de nombreuses industries.

Malheureusement, comme toutes les révolutions qui bousculent l’ordre établi, Bitcoin souffre d’une campagne de désinformation et de diffamation orchestrée par des parasites encore bien accrochés à leurs privilèges.

Mais ça passera.

Amicalement,

Marc Schneider

PS : Bitcoin, oui… Mais le “Nouveau Bitcoin”, ça vous parle ? Si non, lisez ceci de toute urgence.

La Lettre Argo Éditions

Inscrivez-vous et recevez en cadeau le dossier « Acheter ma première action »

Recevez ma lettre gratuite

Politique de confidentialité
5 1 vote
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

5 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Louis-dominique Liebard
Louis-dominique Liebard
2 années il y a

Merci Marc,
Enfin un commentaire sur le Bitcoin et plus particulièrement sur la consomation d’éléctricité qui remet les choses à sa juste valeur. En effet la production de l’électricité est continuelle et ne peut pas être stockée donc il est préférable qu’elle soit utilisée par des industries qui en ont besoin 24/24 heures.
Cordialement,
Loudo

LE DROGO
LE DROGO
2 années il y a

Bonjour,
En écrivant ceci :
« Il y aura donc toujours des mineurs pour acheter cette énergie, et en éviter la déperdition, les surplus gâchés, les frais de rétention et les revenus par à-coups »

Vous ne comprenez pas le monde de l’électricité. Tout le monde est interconnecté pour consommer de l’électricité. Peu importe d’être proche d’une source renouvelable.
De plus les centrales hydrauliques servent à compenser les autres moyens de productions => le bitcoins vient perturber ce système et donc incite à plus polluer.
Ce que l’on appelle renouvelable pollue également : renseignez vous sur ce qui est nécessaire pour l’éolien et le photovoltaïque.
Vous voulez poursuivre le massacre de la biodiversité pour faire la promotion du bitcoin ?

Marc Schneider
Éditeur
Marc Schneider
2 années il y a
Répondre à  LE DROGO

Bonjour, merci pour votre message.
En réalité, stocker de l’électricité coûte cher, et la transporter à travers des lignes à haute tension aussi – sans compter qu’il y a de la déperdition. Ce n’est donc pas absurde pour les mineurs de bitcoins de s’installer à proximité de sources d’énergies renouvelables pour consommer à la source ou presque.

Par ailleurs, les centrales hydrauliques sont effectivement une variable d’ajustement utile dans de nombreux cas, mais il est illusoire de croire qu’elles s’imbriquent parfaitement dans le mix énergétique d’une région. Il arrive que la production traditionnelle d’électricité soit suffisante et que les centrales hydrauliques doivent ouvrir les vannes et laisser couler l’eau plutôt que de produire de l’électricité qu’il faudra stocker ou acheminer trop loin pour que ce soit rentable. C’est pourquoi de nombreux mineurs de bitcoin s’alimentent sur les « mégawatts perdus » et contribuent effectivement à rentabiliser les installations renouvelables.

Enfin, que le photovoltaïque et l’éolien aient une empreinte carbone est un fait, tout comme produire des batteries pour les véhicules électriques est polluant… mais ce n’est pas vraiment la question, et surtout ce n’est pas la faute du Bitcoin. Le changement de paradigme énergétique se fait par étapes. À ce titre, la fusion nucléaire est probablement une de nos meilleures chances pour décarboner l’économie. Mais encore une fois, le point sur lequel je voulais insister est que la consommation électrique de Bitcoin n’en fait pas un actif polluant par essence. Le massacre de la biodiversité n’est très certainement pas le fait des cryptomonnaies.

Bien cordialement,

Marc Schneider

Michel CAROFF
Michel CAROFF
2 années il y a

Bonjour,
Voilà un message qui est fort utile pour se déculpabiliser vis à vis des choix de société … et des choix personnels envisageables.

Rolland
Rolland
2 années il y a

Merci. Je commence à comprendre.