Chère lectrice, cher lecteur,
Les adolescents en savent peut-être plus que vous sur l’investissement en bourse.
C’est en tout cas ce que semble montrer un récent article du Wall Street Journal :
“Une étude de Fidelity sur les adolescents et l’argent a récemment estimé qu’environ un quart des jeunes américains de 13 à 17 ans ont commencé à investir via un compte ouvert par leurs parents, mais détenu par les adolescents.”
Et il indique même que :
“Le nombre de comptes pour les adolescents est passé de 120’000 en 2019 à plus 300’000 en 2023.”
C’est formidable de voir ces jeunes prendre un départ précoce dans la bourse, et je les admire pour cela.
D’autant que l’un des adolescents interrogés dans le cadre de l’article a l’air tout à fait sage pour son âge :
“Felix Peng, un jeune homme de 17 ans de la région de Los Angeles, a déclaré qu’il avait beaucoup appris sur les investissements grâce à YouTube et à Instagram, mais que certaines stars des médias sociaux promouvaient des stratégies de trading trop risquées qui s’apparentaient davantage à des jeux d’argent.
Selon lui, il faut se méfier des influenceurs qui essaient de vendre des cours de trading coûteux en promettant aux investisseurs qu’ils gagneront rapidement beaucoup d’argent.”
Bravo à Felix !
J’aimerais que tous les adolescents apprennent à épargner et à investir pour leur avenir avec une telle maturité.
Pourtant…
S’il est bon de voir les adolescents prendre de l’avance sur leur avenir, je doute que ce soit une coïncidence qu’ils affluent sur le marché alors que nous nous enfonçons encore plus profondément dans la méga bulle…
Surtout qu’ils semblent particulièrement aimer les actions comme Apple, Amazon, Tesla, ainsi que les ETF.
Deux choses peuvent donc être vraies en même temps : les jeunes qui investissent et qui épargnent (ce qui est bien)… et les jeunes qui investissent dans les actions les plus populaires du marché à des valorisations exagérées (ce qui est le signe typique d’une méga bulle…)
Bien qu’ils soient dotés d’une bonne intelligence et d’une grande capacité d’apprentissage, les adolescents sont aussi en manque d’une autre chose…
Les adolescents les plus âgés aujourd’hui sont nés en 2004.
Ce qui veut dire qu’ils étaient en âge préscolaire lors de la grande crise financière de 2008. Et qu’ils n’avaient que 15 ans lors du krach pandémique de mars 2020.
Ils ne disposent donc pas d’une expérience pertinente dans la recherche, la sélection et la gestion d’un portefeuille d’investissement.
La plupart de ces jeunes gens sont arrivés sur le marché depuis 2020. Pour eux, 2022 n’était donc qu’un nouveau creux pour acheter.
Malheureusement, l’expérience est très souvent durement acquise et implique presque toujours d’essuyer des pertes substantielles et de longues périodes de faibles rendements…
De plus, l’expérience doit être assimilée, comprise et apprise. Cela prend du temps.
Personne ne naît grand investisseur et personne ne le devient du jour au lendemain.
Mais il existe quand même un espoir pour nos adolescents inexpérimentés…
Le grand et regretté Charlie Munger nous a appris la façon la plus indolore de tirer les leçons de l’expérience…
Il y a quelques années, lors de la réunion annuelle de Berkshire Hathaway à Omaha, Munger a déclaré :
“Je dirais que ce que j’ai fait, c’est d’apprendre beaucoup des erreurs des autres. C’est une façon beaucoup plus agréable d’apprendre des leçons difficiles. Et avec Warren Buffett, nous avons vraiment travaillé dans ce sens au fil des ans.”
Vous, moi et tous les adolescents devrions certainement suivre la prescription de Munger.
Lisez tout ce que vous pouvez sur les erreurs des autres, y compris les épisodes de méga bulles du passé. C’est une excellente éducation.
Buffett a commis des erreurs…
Certains de ses investissements lui ont fait perdre de l’argent, parfois beaucoup d’argent. Mais il a toujours su éviter les très grosses erreurs catastrophiques, celles qui vous ruinent au point qu’il ne vous reste plus rien…
C’est ainsi qu’il a réussi à tenir le coup pendant plus de 50 ans sur les marchés, ce qui est phénoménal.
Buffett et Munger ont mis en place un cadre d’investissement avec des protections qui leur a permis de rester dans la course, quelles que soient les mauvaises performances ponctuelles du marché.
Voilà la leçon la plus importante.
Moi aussi, j’ai dû apprendre à gérer les pertes…
Pour maîtriser le risque sur la plupart de mes positions, je recommande principalement l’utilisation de stops loss, ou de stops suiveurs.
Certains de mes collègues encouragent aussi leurs lecteurs à prendre des positions suffisamment petites et diversifiées, ce qui est aussi une bonne chose.
D’autres encore ont tendance à se concentrer sur les titres de haute qualité, généralement moins risqués, et qui sont susceptibles, en moyenne, d’entraîner des pertes moins importantes.
Pour résumer :
Le choix d’un investissement est moins important que la bonne gestion de votre risque.
Je sais que je l’ai déjà écrit mille fois, mais je vous promets que cela fait partie des quelques vérités éternelles qui méritent d’être répétées à l’infini.
Parce qu’il n’est pas naturel de limiter son risque de manière systématique.
Il est normal pour un humain d’être beaucoup trop confiant, de parier beaucoup trop gros, de refuser d’admettre qu’une transaction est en train de mal tourner, d’aller jusqu’au fond et de vendre dans le désespoir le plus total, ce qui se traduit généralement par une perte massive…
Pour éviter cela, certains investisseurs cherchent à profiter d’opportunités de marché rares, en avant-première.
Ils entrent alors sur une action avant le grand public, ce qui leur permet ensuite de profiter de la hausse de son cours… de façon quasi mécanique !
Sam Altman, le patron d’OpenAI, devrait bientôt annoncer l’introduction en bourse de son entreprise.
Mais il existe une “faille” qui permet d’investir dès maintenant pour viser des gains colossaux en quelques mois.
Bon investissement,
Dan Ferris
Eagle Point, Oregon