Billet Dan Ferris du 09/12/2023

Chère lectrice, cher lecteur,

De tous les concepts financiers que j’ai appris, celui de “liquidité” est l’un des plus difficiles à appréhender.

Le problème réside en partie dans le fait que la liquidité peut avoir des significations différentes

Par exemple, lorsque vous dites que vous avez beaucoup de liquidités, c’est une façon de dire que vous pouvez faire face à une dépense importante et imprévue (travaux, réparation de voiture, problème de santé, ou tout autre chose…)

Il en va de même pour une entreprise qui dispose d’une importante trésorerie dans son bilan, c’est une façon de dire qu’elle a les moyens de faire face à tout aléa économique, ou de tirer parti de toute opportunité soudaine.

Dans ce cas, avoir de la “liquidité” signifie simplement disposer d’un montant important d’argent disponible sur son compte.

 

Mais ce n’est pas sous cet angle que j’aborderai ce terme aujourd’hui…

Dans ce message, je veux vous parler de la “liquidité” au sens que lui donne le marché.

Dans ce cas, il s’agit de la capacité à acheter, ou à vendre, une action, une obligation, ou un autre instrument financier, sans que son prix ne fluctue de façon importante.

Pour le dire de façon claire, un marché liquide semble à peine savoir que vous faites votre opération.

Le contraire de la liquidité du marché, c’est bien sûr l’illiquidité du marché

Lorsqu’un marché est illiquide, les transactions n’y sont pas suffisamment fréquentes, ou importantes. Et ce type d’échanges entraîne souvent des fluctuations de prix insensées.

Par exemple, les actions de micro-capitalisations sont souvent illiquides.

Elles ne se négocient parfois que de quelques milliers (voire de quelques centaines) d’actions par jour.

Certains investisseurs ont l’habitude de se plaindre qu’une action particulière “se négocie sur rendez-vous”, c’est-à-dire qu’elle est si peu liquide qu’il faut parfois plusieurs jours pour exécuter le moindre ordre.

Bref, vous l’avez compris, la liquidité du marché est évidemment essentielle pour éviter un chaos généralisé.

 

La liquidité profonde est l’essence même des marchés modernes…

Comme l’a dit le trader milliardaire Stanley Druckenmiller :

“C’est la liquidité qui fait bouger les marchés.”

Eric Cinnamond, de la société de gestion d’actifs Palm Valley Capital, a récemment écrit la chose la plus intelligente que j’aie jamais lue sur la liquidité :

“Les investisseurs essaient de mesurer la liquidité et de la rendre quantifiable. Ils prétendent pouvoir la définir, la contrôler et la comprendre. Mais ce n’est pas le cas.

La liquidité existe, ou n’existe pas. Elle peut être abondante une minute et disparaître la minute suivante – c’est un risque et une opportunité.”

Contrairement à Cinnamond, je pense que nous pouvons définir la liquidité. Mais il a raison de dire que nous ne pouvons pas contrôler la liquidité.

Parce qu’il s’agit de l’argent des autres. Et on ne sait jamais ce qu’ils en feront.

Certaines personnes peuvent ne pas être sur le marché à un moment précis. Mais la minute suivante, ils arrivent en force.

À l’inverse, de nombreux investisseurs peuvent jeter un jour leur dévolu sur la tendance du moment… Mais dès le lendemain, ils jettent l’éponge et partent à l’assaut d’autres affaires.

Comme l’a écrit Cinnamond, il y a des liquidités, ou il n’y en a pas.

 

La liquidité est à la base de mes préoccupations relatives aux investissements irréfléchis…

Chaque jour, des millions d’acheteurs et de vendeurs négocient des milliers d’actions, d’obligations, ou d’autres instruments financiers, en considérant qu’avoir de la liquidité, “ça va de soi”.

Mais que se passerait-il si la liquidité du marché disparaissait soudainement ?

Vous pouvez penser qu’il s’agit là d’une question théorique.

Vous pensez peut-être qu’il est peu probable que d’énormes pertes se produisent en une journée sur des pans entiers du marché.

Je reconnais que ce genre de choses n’arrive pas tout le temps.

Mais au cours de l’histoire, nous avons déjà eu quelques occasions de voir la réponse

Et elle n’est jamais belle.

Une anecdote que j’ai entendue à l’époque illustre ce qui se passe lorsque la liquidité fuit soudainement les marchés.

J’ai entendu cette histoire pour la première fois il y a vingt ans. En voici l’essentiel…

En août 1998, un investisseur a appelé son courtier pour essayer de vendre des obligations russes après que la Russie ait dévalué le Rouble et ait fait défaut sur une partie de sa dette. Voici comment l’échange s’est déroulé :

Le courtier : Ok, le cours pour vendre est de 60.

L’investisseur : 60 ?! Mais je viens de voir 90 !

Le courtier : Maintenant c’est 50.

L’investisseur : Hé, attendez une minute…

Le courtier : Maintenant c’est 40.

Le marché des obligations russes était en chute libre pour une raison simple : la liquidité du marché avait disparu.

Personne ne voulait d’obligations russes puisque le gouvernement russe n’allait pas les rembourser. Donc l’investisseur qui voulait vendre ses obligations ne trouvait plus personne en face pour les acheter !

Cette histoire est une bonne illustration de ce qui se passe lorsque la liquidité du marché disparaît.

 

Bien sûr, je comprends que la plupart des investisseurs ne s’intéressent pas aux obligations russes…

Mais cela arrive aussi avec les actions.

Il existe de nombreux exemples de liquidités qui se sont évanouies pour des actions de méga-capitalisations que tout le monde considérait pourtant comme plus sûres que d’autres actions.

J’ai mis en garde mes lecteurs contre ce problème en 2017…

Je leur avais dit que les grandes sociétés apparemment très liquides comme Meta Platforms – qui s’appelait encore Facebook à l’époque – étaient vulnérables à de grosses pertes.

Moins d’un an plus tard (le 26 juillet 2018), l’action META a chuté de 19 % en une journée.

L’action est passée de 217,50 dollars par action (clôture du 25 juillet) à 176,26 dollars par action (clôture du 26 juillet). Elle a donc perdu la somme stupéfiante de 119 milliards de dollars de sa capitalisation boursière.

Une telle chute, aussi rapide, nous indique une chose…

Personne n’a voulu acheter lorsque le prix se situait entre 217,50 et 176,26 dollars.

En d’autres termes, cela signifie qu’il n’y avait pas de liquidité sur le marché.

Et la même chose s’est reproduite le 3 février 2022…

L’action Meta Platforms a chuté de 26 % ce jour-là.

Ce sont 232 milliards de dollars qui ont disparu en un clin d’œil (c’est encore la plus grande perte de capitalisation boursière en un jour de l’Histoire…)

 

En croyant que les grandes capitalisations offrent plus de sécurité que les autres, les investisseurs risquent de subir des pertes énormes…

Car si la liquidité du marché se tarit, les pertes seront si soudaines qu’il sera impossible pour eux de les éviter.

Et voici le pire…

Nous ne parlons pas ici d’une petite poignée d’actions que tout le monde considère comme des valeurs sûres.

On définit une action de grande capitalisation comme ayant une valeur de marché d’au moins 200 milliards de dollars.

Selon Bloomberg, 37 actions correspondent actuellement à cette définition.

C’est beaucoup.

Et bien sûr, je pense que sept de ces titres sont ceux qui devraient vous inquiéter le plus…

Je vous en ai parlé dans mon dernier billet.

Ce sont les “Sept Magnifiques” : Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta Platforms et Tesla.

Ces valeurs ont fait augmenter le S&P 500 et le Nasdaq respectivement d’environ 20 % et d’environ 37 % cette année.

De nombreuses personnes considèrent que ces méga-capitalisations sont un moyen facile de s’enrichir rapidement.

Personne ne pense que posséder ces actions comporte le risque de perdre beaucoup d’argent tout aussi rapidement à cause d’un manque de liquidité.

Pourtant, c’est déjà arrivé deux fois en cinq ans à Meta Platforms, alors cela pourrait facilement arriver aux six autres…

Je ne peux pas prédire l’avenir, mais je soupçonne que la liste des pires pertes de capitalisation boursière en un jour changera bientôt…

Comme je l’ai souligné à maintes reprises, ces actions de grande capitalisation très liquides – et apparemment très sûres – sont extrêmement chères. Elles se négocient aujourd’hui en moyenne bien au-delà de 50 fois les bénéfices.

N’oubliez pas que, comme l’a dit Cinnamond, nous ne pouvons pas contrôler la liquidité.

Elle est là, ou elle n’est pas là. Elle peut être abondante une minute et disparaître la minute suivante.

Assurez-vous d’être prêt pour la minute suivante. On ne sait jamais quand elle arrivera…

C’est pourquoi je vous recommande la lecture d’un rapport exclusif sur un marché stratégique qui pourrait attirer à lui des dizaines de milliards de dollars de liquidités dans les prochains mois : celui de l’Uranium.

Bon investissement,

Dan Ferris

Eagle Point, Oregon

 

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