Billet Dan Ferris du 06/02/2024

Chère lectrice, cher lecteur,

En tant qu’investisseurs, nous nous considérons comme des personnes rationnelles.

Nous rassemblons des données afin d’argumenter de manière raisonnée nos investissements.

De nombreux analystes financiers s’enorgueillissent même d’être “guidés par les données”.

Et c’est vrai qu’il faut maîtriser l’analyse des données pour être un bon investisseur…

Mais il faut aussi plus que cela.

En tant qu’investisseur individuel, vous devez avoir une longueur d’avance sur les autres acteurs du marché.

Et pour y arriver, les données ne peuvent pas tout faire.

Vous devez être compétitif sur d’autres plans, car les grandes institutions pourront toujours embaucher plus de génies, et traiter plus de données que vous.

C’est pourquoi, dans mon message d’aujourd’hui, nous allons au-delà des données, de la logique et de la rationalité…

Nous allons examiner des idées et des stratégies qui peuvent sembler irrationnelles à première vue… mais qui peuvent vous donner un énorme avantage sur le marché.

 

Il est temps d’explorer les idées qui n’ont “pas de sens”…

J’ai emprunté cette phrase au sous-titre d’un livre intitulé “Alchemy : the surprising power of ideas that don’t make sense” (Alchimie : le pouvoir surprenant des idées qui n’ont pas de sens), écrit par la légende de la publicité Rory Sutherland.

Sutherland est un homme intéressant dont les conférences TED ont été vues plus d’un million de fois sur YouTube.

Son livre contient une myriade d’histoires de succès qui n’ont aucun sens – comme celle de Red Bull, la boisson énergisante.

Les premiers tests qui avait été faits ont montré que les consommateurs détestaient le goût de cette boisson (si vous l’avez déjà goûté, vous savez que c’est dégoûtant).

Pourtant, le fondateur de l’entreprise est devenu milliardaire.

Et son produit a eu suffisamment de succès pour financer deux écuries de Formule 1, qui coûtent des centaines de millions de dollars par an.

Sutherland explique dans son livre comment des éléments irrationnels, tels que la petite taille de la canette, amènent les consommateurs à penser que Red Bull est plus puissante que les autres boissons qui contiennent autant de caféine, mais qui sont vendues dans des canettes plus grandes.

En bref, le succès n’est pas toujours rationnel, ou fondé sur des données quantifiables…

 

L’économie n’est pas une machine…

Il semble logique d’analyser l’économie comme une machine.

Le milliardaire super investisseur Ray Dalio a réalisé une excellente vidéo intitulée “How the economic machine works” (Comment fonctionne la machine économique), qui est facile à comprendre et pratiquement impossible à contester.

Mais tout de même…

Je ne pense pas que l’économie, ou la bourse, soit une machine. Et dans son livre, Sutherland est d’accord avec cela :

“L’esprit technocratique modélise l’économie comme s’il s’agissait d’une machine… Mais l’économie n’est pas une machine, c’est un système extrêmement complexe. Les machines ne permettent pas la magie, mais les systèmes complexes la permettent.”

Une machine est constituée de pièces physiques et mécaniques.

Chaque pièce remplit une fonction et interagit avec d’autres pièces pour effectuer un type de travail spécifique.

Les pièces n’ont pas d’opinions politiques, de programmes télévisés préférés, ou de relations compliquées avec leur belle-famille.

Ces pièces peuvent avoir une structure complexe, mais elles ne peuvent pas rivaliser avec un être humain.

Le cerveau humain est considéré comme la chose la plus complexe de l’univers, avec environ 1’000 régions différentes, 86 milliards de neurones, 85 milliards d’autres cellules et plus de 100’000 milliards de connexions…

Les économies et les marchés sont constitués de relations entre des êtres humains complexes, et non des machines. Et les humains ne sont pas logiques.

Comme le dit Sutherland dans son livre, “l’esprit humain ne fonctionne pas sur la logique, pas plus qu’un cheval ne fonctionne à l’essence”.

Si les êtres humains étaient des créatures logiques, les marchés n’atteindraient jamais des niveaux extrêmes.

Un être humain logique supposerait que la valeur d’un actif est la somme de tous les flux de trésorerie qu’il générera à l’avenir, actualisés à l’aide d’un taux d’intérêt raisonnable… et ne paierait jamais plus que cela.

Mais les humains paient plus que cela… et même lorsqu’ils le font quand les marchés sont à leurs sommets, cela leur semble encore parfaitement rationnel.

En réalité, nous ne savons pas toujours ce qui constitue un comportement rationnel.

Comme le suggère Sutherland, ce qui est rationnel pour une personne peut ne pas l’être pour une autre.

Et dans un monde inondé de données, vous pourrez toujours trouver les informations que vous voulez pour présenter votre opinion de façon “rationnelle”.

C’est ce que les gens font tout le temps : ils prennent une décision qui leur semble bonne, et ENSUITE ils se mettent en quête de la logique et des données qui vont la soutenir et la rendre “rationnelle”.

 

Aujourd’hui, je vais préconiser de faire deux choses “irrationnelles”…

Si nous assistons aujourd’hui à un sommet de marché similaire à celui de janvier 2022, de nombreuses études vous diront de résister à la volatilité du marché… et que vos rendements à long terme seront plus élevés si vous le faites.

Mais ces études ne vous diront pas que pour obtenir ces rendements à long terme, vous devrez sans doute faire face à des baisses à court terme qui vous arracheront les tripes.

La plupart des gens sont incapables de le supporter… et ils finissent par revendre au plus bas, en subissant des pertes catastrophiques, alors que les études “logiques” et “rationnelles” indiquent qu’il faudrait acheter davantage…

Il y a deux méthodes simples pour vous éviter ce cauchemar :

  • #1 : utilisez des stops suiveurs

Oui, il semble irrationnel de vendre une entreprise parfaitement bonne et dotée d’excellentes perspectives simplement parce qu’elle a chuté brièvement à un certain montant.

Mais lorsque vous le faites, vous admettez que vos faits et votre raisonnement ont pu être erronés… ou que vous aviez raison, mais que le marché s’en moque et poussera le cours de l’action à la baisse plus longtemps que vous ne pouvez le croire.

Dans tous les cas, les résultats des portefeuilles modèles montrent que vous pourrez réaliser de bons rendements, même en utilisant des stops suiveurs, et cela vous évitera bien des tracas en cas de choc sur le marché.

  • #2 : diversifiez votre portefeuille

Pour limiter l’inévitable volatilité des marchés, il faut disposer d’un éventail d’actifs dont les performances tendent à être décorrélées les unes des autres.

Mais c’est aussi un peu irrationnel, car il y aura probablement toujours une partie de votre portefeuille qui sera à la traîne par rapport au reste…Pourtant, au fil du temps, la diversification vous aidera à préserver et à accroître votre patrimoine, car votre portefeuille bien diversifié aura toujours une partie qui sera performante.

Si vous pensez que l’investissement est une question de logique et de rationalité, vous devriez en conclure que les stops suiveurs et la diversification n’ont “aucun sens”.

Parce que, après tout, les dernières décennies ont montré qu’il suffit d’acheter chaque baisse du S&P 500 pour que votre capital augmente à long terme, n’est-ce pas ?

Mais encore une fois, nous sommes des êtres humains, pas des machines.

Et ces deux stratégies fonctionnent dans un monde que nous ne pourrons jamais comprendre entièrement et dans lequel se cache toujours une part d’irrationalité…

Bon investissement,

Dan Ferris

Eagle Point, Oregon

 

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