4 technologies pour sauver la planète

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Chère lectrice, cher lecteur,

Dans mon dernier message, je vous ai expliqué pourquoi la décroissance est selon moi une illusion dangereuse.

Comme vous l’imaginez, ce sujet a beaucoup fait réagir.

Je dois reconnaître que je n’y suis pas allé de main morte… Mais vous savez ce que c’est – quand une discussion vous tient à cœur, parfois, vous faites montre d’une verve peu commune.

Cela étant, je maintiens mon analyse, tout en comprenant qu’elle ait pu atteindre quelques sensibilités.

À ceux-là je voudrais dire mon respect, et qu’il n’y a pas de communauté vivante sans désaccords.

La diversité d’opinions parmi le lectorat d’Argo est une des choses que je chéris le plus dans mon travail.

Aujourd’hui, j’aimerais prolonger ma réflexion.

Nous n’allons pas reparler décroissance ou « écologisme de combat », mais prendre pour acquis qu’une révolution mondiale n’aura pas lieu, et qu’il faudra gérer la crise climatique dans un système capitaliste.

S’il faut continuer de produire et viser tant que possible la croissance… Celle-ci ne peut reposer sur les mêmes fondamentaux qu’à l’ère industrielle (énergies fossiles, produits à usage unique, chaînes logistiques mondialisées…).

Il faut, avec la même matrice économique, faire émerger de nouvelles pratiques. Et ces pratiques naîtront grâce aux technologies.

Voyons ensemble 4 innovations essentielles pour que l’humanité continue de croître sans détruire son environnement.

#1 – L’impression 3D industrielle (3DI)

Selon le dernier rapport ARK Invest 2022, l’impression 3D industrielle, ou 3DI, est le secteur technologique qui connaîtra la plus forte croissance d’ici 10 ans, avec un rythme de 60% de croissance annuelle… jusqu’en 2030.

C’est une 4ème Révolution Industrielle qui se joue sous nos yeux. Et la 3DI n’a rien à voir avec l’impression 3D « grand public » qui permet d’imprimer des figurines par injection de plastique.

Ici, on parle d’imprimer :

  • Des maisons
  • De la nourriture
  • Des organes humains et des prothèses sur-mesure
  • Des réacteurs d’avion et de fusée

La 3DI révolutionne la notion-même de production. Ce sont les dernières avancées de la robotique, de l’IA et du génie des matériaux qui s’entrecroisent pour nous permettre de tout produire ou presque, à moindre coût et n’importe où dans le monde.

Or, c’est sur ce dernier point que la 3DI peut nous aider à limiter drastiquement notre impact environnemental…

Le transport représente un quart des émissions mondiales de CO2 (24,4%). Une part considérable de ces 24% provient du transport de marchandises et des chaînes logistiques… pour caricaturer, c’est l’importation de produits « Made in China » et consorts qui nous plombe.

Or, la 3DI, c’est précisément la fin du Made in China. Si l’on a délocalisé une grande partie de nos industries en Chine (et ailleurs), c’était pour le coût de la main d’œuvre – quitte à polluer pour se faire livrer nos iPhones par après.

Mais ce que la Chine a fait à l’Occident, la 3DI est en train de le faire à la Chine : une imprimante 3D industrielle peut tourner 24h/24, 7j/7, sans se fatiguer, et pour beaucoup moins cher qu’un humain, même en Chine où le droit du travail est pour le moins anecdotique.

Les États-Unis sont en train de rapatrier massivement leurs industries. Ils prévoient de réhabiliter près de 70 000 sites industriels pour en faire des « fermes » d’impression 3D. Regain de souveraineté, d’une part, mais surtout, allégement drastique des chaînes logistiques et de l’émission des gaz à effet de serre.

Produire là où l’on consomme, avec des machines qui simplifient la production et requièrent moins de matériel, c’est toute la promesse de l’impression 3D industrielle.

#2 – Les flottes de voitures 100% électriques, 100% autonomes

Selon la Banque Mondiale, 56% des Hommes habitent en ville (et ça ne cesse de grimper).

Leur périmètre d’action quotidien s’étend rarement au-delà de 10-20km.

Un véhicule particulier passe 90 à 95% de son temps à l’arrêt.

Ces 3 chiffres dessinent un paradoxe : alors que l’activité humaine se concentre en ville, que les villes sont toujours plus empoisonnées par les embouteillages et que toutes ces voitures passent l’essentiel de leur temps à l’arrêt

Le modèle de la voiture individuelle persiste et continue d’empoisonner l’air (en plus de coûter cher).

Néanmoins, un nouveau modèle est en train d’émerger. Il associe le développement rapide et soutenu par l’État des véhicules électriques, l’explosion de l’IA et son corollaire, les véhicules autonomes (en clair : une voiture qui se conduit toute seule, sans pilote).

Cette triple convergence ouvre la voie à des villes où vous n’aurez plus besoin de voiture à votre nom pour vos trajets. Il vous suffira d’indiquer quand vous avez besoin d’être conduit pour qu’une voiture autonome s’occupe de vous amener à votre travail, de vous ramener chez vous, et d’effectuer vos trajets ponctuels à la demande.

Le reste du temps, elle sera utilisée selon les mêmes modalités par d’autres usagers sur d’autres créneaux… et elle pourra également aller se recharger de façon autonome – car ces flottes de voitures autonomes seront bien entendues toutes électriques.

Dans le même temps, l’IA qui lie toutes ces flottes permettra d’endiguer les bouchons en collectant et traitant en temps réel toutes les informations utiles sur le trafic…

Concrètement, ce nouveau modèle permettra de produire moins, de polluer moins, d’optimiser le trafic et de faire économiser de l’argent aux particuliers.

Autre modèle possible : c’est votre voiture (si vous tenez à en avoir une) mais vous la mettez à disposition de la flotte quand vous n’en avez pas besoin… et on vous rétribue pour ça.

#3 – La fusion nucléaire : énergie (presque) illimitée, décarbonée

Dans les centrales nucléaires, on pratique la fission nucléaire. Il s’agit de briser un noyau d’atome pour en obtenir deux plus légers, et de capturer l’énergie libérée par la fission.

La fusion est en quelque sorte le phénomène inverse : il s’agit d’unir deux noyaux atomiques légers pour en obtenir un lourd, et capturer l’énergie produite par la fusion.

La fusion nucléaire cumule les avantages par rapport à la fission :

  • Une production d’énergie largement supérieure : à masse égale, la fusion nucléaire produit 4 fois plus d’énergie que la fission.
  • Des ressources inépuisables : la fusion requiert du deutérium et du tritium, présents en quantités quasi-illimitées sur Terre
  • Aucune émission de CO2, le sous-produit principal de la fusion est de l’hélium
  • Aucun déchet radioactif de haute activité à vie longue : les matériaux peuvent être recyclés ou réutilisés dans les 100 ans, il n’y a pas de déchets à stocker pour l’éternité…
  • Pas de risque d’escalade dans l’armement : la fusion n’utilise pas d’uranium ni de plutonium, on ne peut pas fabriquer d’armes nucléaires dérivées des applications civiles de la fusion
  • Aucun risque de fusion du cœur : la fusion nucléaire n’ouvre pas la porte à des risques de type Fukushima, car à la moindre perturbation le plasma se refroidit en quelques secondes. Pas de réaction en chaîne à craindre

En résumé, la fusion est plus sûre, plus économique, plus productive que la fission… Et elle n’ouvre en aucune façon la course à de nouveaux armements.

Je sais que certains ont un problème avec le nucléaire, mais il faut garder à l’esprit que la fusion est infiniment moins dangereuse que la fission, et qu’elle permettra de poser les bases d’un monde où l’énergie est abondante et décarbonée – or, l’abondance énergétique est l’une des conditions sine qua non au maintien de la paix.

Il nous faudra encore quelques années pour maîtriser la fusion nucléaire et la déployer pour alimenter nos réseaux… Mais la recherche avance, avec des projets comme le réacteur ITER installé dans le sud de la France.

#4 – La fin du plastique

La pollution plastique est l’un des pires fléaux pour la planète… et pour l’humanité : on ingère chaque semaine 5g de plastique, l’équivalent d’une carte bleue – dans notre eau, notre alimentation, l’air que nous respirons…

Le plastique empoisonne tout, déclenche troubles endocriniens et même cancers… et fonctionne comme un piège qui se referme sur nous.

Un piège que nous avons conçu nous-mêmes.

Heureusement, une petite entreprise américaine a mis au point un produit révolutionnaire, qui sonne la fin de l’ère du plastique.

Elle ne vaut encore rien en bourse… mais collabore déjà avec des entreprises comme Total, Nestlé, Pepsi.

Et surtout, la valeur de ses actions pourrait être multipliée par 347 à l’horizon 2030.

Je vous donne son nom ici.

Cette opportunité est sans conteste l’une des meilleures de la décennie.

Amicalement,

Marc Schneider

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Pierre
Pierre
2 années il y a

Bjr,
Quelle part de surface agricole faudrait-il détourner de l’alimentation si on voulait produire du plastique végétal à grande échelle ? Cette filière est-elle compatible avec la perspective de croissance de nos besoins alimentaires et de diminution de la quantité d’eau potable ?
Cdlt

GS16
GS16
2 années il y a

Pourquoi pas recommander Carbios?

DEMARCQ Laurence
DEMARCQ Laurence
2 années il y a

Moi je vois dans tout ce que tu décris comme merveilleusement productif, économique et écologique la perte d’emplois pour les humains !!! De quoi comptes-tu que nous vivions si nous n’avons plus de travail manuel ???

Elruf
Elruf
2 années il y a

Merci pour cet article donnant de l’espoir pour le futur. Mais je me demande si vous savez que le gaz carbonique dans l’air est indispensable à la croissance des plantes et qu’il n’y aurait aucune vie sur Terre s’il n’y avait pas eu ce CO2. L’effet de serre dû au gaz carbonique créé par les humains est insignifiant et même la totalité du gaz carbonique naturel n’a que peu d’effet. Le plus important pour l’effet de serre, et de très loin, c’est la vapeur d’eau; et impossible d’empêcher l’évaporation des mers et des terres humides … Et pour terminer, rappelons que dans mille litres d’air, il n’y a que 0,40 litres de CO2, il en faudrait davantage pour que les plantes poussent plus vite et nourrissent la population terrienne.

MARTEL
MARTEL
2 années il y a

Bonjour
           Du plastique agricole aussi vieux que moi voire plus.
Déjà au début des années 1970, il y a 50 ans tout juste, et à Pfizer et à Air liquide, alors que je négociais des matières premières agricoles, j’ai vendu des camions citernes d’huiles brutes de soja pour la production de billes d’un plastique qu’aujourd’hui on qualifierait de « végétal » et destiné à la fabrication de bouteilles dans leur unité respective de production hexagonale.
           Sincères salutations
 

F Joulié
F Joulié
2 années il y a

La fusion propre (sans émission de neutrons destructeurs) est au point depuis un moment, mais… elle fut développée par Sandia, une entreprise au compte de l’armée u.s.ienne, lesquels ont décidé que ça ne serait disponible que pour l’armée, pas pour les civils. Documentation : ça s’apelle la Z-machine, visible sur le net -je crois, et bien documentée dans un article de Nexus de 2011 env., celui avec une tête de cheval noir sur la couverture. Deuxio) Qqn de l’INPI à Paris m’avait répondu que les brevets ne disparaissent jamais, qu’en faisant des recherches on doit retrouver les (700?) brevets de Nicolas Tesla -cet être inventeur extraordinaire qui voulait que chacun / chaque maison possède son propre récepteur pour devenir totalement autonome en électricité. -Evidemment ça a gêné les vendeurs de cables en cuivre et de compteurs électriques, +les industries productrices +etc, …et hop fini les budgets de recherche, +destruction de son laboratoire ! ///// Merci cher auteur de ne pas avoir parlé des éoliennes ! c’est une solution franchement pipeau à tous points de vue -sauf le beau spectacle-. Ex : la force motrice découle de la loi de Bernoulli, force proportionnelle à la masse volumique du fluide. En les faisant tourner dans l’eau des fleuves, cette force -constante 24h/jour- serait multipliée par env. 1000 ! -Je vous fais grâce des autres abérations des éoliennes classiques-.

Bernard Bugeau
Bernard Bugeau
2 années il y a

Bonjour
Croire que la technologie sauvera le monde des effets néfastes de la technologie est une manifestation de naïveté hélas répétitive depuis des siècles. La diminution d’une forme de pollution par une nouvelle technologie entraîne toujours une augmentation de consommation qui genere de nouvelles pollutions et de nouvelles carences avec de nouveaux problèmes. Une nouvelle technologie apparaît toujours comme merveilleuse… depuis la première machine à vapeur.

Jean Marie TALBOT
Jean Marie TALBOT
2 années il y a

Les véhicules électriques ne vont pas résoudre le problème de notre dépendance énergétique puisqu’il faudra importer les composants pour la fabrication des batteries, donc toujours des transports par bateaux ont déplace juste le problème , polluer en Asie ou en Afrique, ne changera rien pour la planète.

Quintard
Quintard
2 années il y a

Une honte ! Voici mon sentiment concernant les batteries, des enfants sont envoyés dans les mines pour sortir les métaux, sans compter qu’en Afrique ce sont les chinois qui les exploitent…
On se moque de qui ?
Et le recyclage ? Et l’électricité ? Alors qu’on nous bassine à longueur d’année pour réduire nos consommation…

Pierre Canal
Pierre Canal
2 années il y a

Vous êtes bien gentil Marc Schneider, mais comment pouvez-vous envisager de « sauver la planète » (qui par ailleurs n’a nul besoin d’être sauvée, seule l’humanité est en péril, la planète s’en remettra…) avec des solutions aussi écologiquement désastreuses et irresponsables que la voiture électrique ou le nucléaire ? Absurde !
Bien cordialement
Pierre Canal