Marchés efficients, finance comportementale : qui a raison ?
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Chère lectrice, cher lecteur,
Avez-vous l’impression de faire vos choix librement… ou d’être guidé par vos émotions ?
Je vous pose la question, car elle agite l’humanité depuis ses débuts.
Elle est cruciale pour la philosophie ou la politique…Mais elle l’est tout autant pour la finance.
Je m’explique : savoir si les investisseurs sont rationnels ou pas, c’est répondre à LA question fondamentale : les marchés sont-ils efficients ?
Marchés efficients : qu’est-ce que ça veut dire ?
Dans les théories économiques classiques, l’Homme est considéré comme un animal rationnel.
Il choisit toujours ce qui est le mieux pour lui.
Et ce faisant, il participe à éliminer les agents économiques les moins efficaces…
Sur le papier, c’est génial.
Cela veut dire que les marchés ont toujours raison : si une action vaut 30, c’est parce que tout le monde a décidé qu’elle valait 30 selon des critères objectifs.
Or, si tout le monde a décidé que l’action valait 30, c’est parce que tout le monde dispose des mêmes informations en accès libre.
Et que chacun en tire les conclusions les plus rationnelles.
Dans l’absolu, ça marche : une entreprise qui annonce de mauvais résultats va très certainement voir le cours de son action diminuer.
Prenez l’exemple de Volkswagen : quand le scandale des tests antipollution a éclaté, l’action a perdu 20%. Les investisseurs ont réagi rationnellement.
Mais si l’investissement n’était qu’une science rationnelle, il n’y aurait jamais de bulles, d’hallucinations collectives, de dégringolades liées à des mouvements de paniques.
Or, ce sont des phénomènes courants en Bourse. Ce qui nous amène à penser que les investisseurs ne sont pas toujours si rationnels…
Finance comportementale : nous sommes imparfaits, nos choix aussi
En 2013, le Nobel d’économie est revenu à Robert Schiller.
Cet économiste a démontré que la majorité des décisions des investisseurs étaient suscitées par des émotions plutôt que par des calculs cohérents.
Bien avant lui, le courant de la finance comportementale a prouvé plusieurs fois que les investisseurs agissaient à travers des biais comportementaux qui n’avaient rien de rationnel.
Je vous donne un exemple : en 1979, les psychologues Kahneman et Tversky ont démontré que l’on percevait le gain et la perte d’argent de façon totalement disproportionnée.
Ils ont prouvé que quand vous perdez de l’argent, vous devez en gagner plus – au moins 2,5 fois plus – qu’il ne faudrait pour revenir à l’équilibre, simplement pour avoir l’impression d’être revenu à l’équilibre.
En clair : si vous perdez 1000, vous devez gagner 2500 pour neutraliser l’impression de perte.
Cette expérience explique (entre autres) pourquoi certains traders ne vendent pas une position pendant qu’ils perdent de l’argent : ils espèrent que le marché va se retourner, et ne sont pas encore prêts à assumer la perte.
« Tant que ça n’est pas vendu, ça n’est pas perdu »
De nombreux biais décisionnels sont observés sur les marchés. Les plus courants sont le biais de confirmation, l’aversion au risque et l’excès de confiance.
- Le biais de confirmation consiste à accorder plus d’importance aux informations qui confirment nos croyances ou pensées préexistantes qu’à celles qui les remettent en cause.
- L’excès de confiance consiste à exagérer la confiance que l’on porte à ses propres jugements, en les considérant plus solides qu’ils ne le sont objectivement, comme s’ils reposaient sur plus de critères (et de meilleurs critères) que ce sur quoi ils se fondent réellement.
- L’aversion au risque, enfin, est une attitude qui consiste, pour un rapport coût/bénéfice équivalent, à toujours choisir les comportements les moins risqués plutôt que ceux qui offrent les meilleures perspectives de gain.
Vous comprenez l’idée : les marchés voudraient bien être efficients… les investisseurs aimeraient être rationnels…
Mais tenir compte de ses émotions – et donc s’arrêter quand, malgré la logique, on se sent perdre pied – n’est-ce pas une certaine forme de rationalité ?
Je m’arrête là pour ne pas dévier vers des questions philosophiques, ça n’est pas notre sujet.
Tout ce que je veux dire, c’est qu’on a d’abord cru que les marchés étaient efficients, puis qu’on s’est rendu compte que les humains n’étant pas 100% rationnels, le marché (qui est le produit des interactions humaines) ne pouvait pas l’être à 100% non plus.
Mais aujourd’hui, le paradigme complet des marchés financiers évolue, avec l’apparition du trading haute fréquence – la finance par algorithmes.
« De toute façon, les nouveaux traders, ce sont des algorithmes »
De plus en plus, ce trading haute fréquence remplace le trading humain.
Ce sont des ordinateurs qui prennent des décisions d’achat et de vente.
Leur temps de réaction se compte en millisecondes et ils n’éprouvent pas d’émotions.
En théorie, le marché pourrait devenir efficient et dépasser l’imperfection humaine…
Mais les ordinateurs eux aussi commettent des erreurs. Cela semble contre-intuitif, mais c’est le cas.
Depuis l’apparition du trading haute-fréquence, on assiste à un nouveau type de krach : le flash crash. C’est un krach ultra-rapide et (la plupart du temps) ultra-bref.
La raison derrière ces crashs ?
Le spoofing, une technique qui consiste à passer une grande quantité d’ordres en quelques seconde, pour les annuler aussitôt – créant ainsi une vague de spéculation dont l’ordinateur essaie de profiter.
Quand un ordinateur fait ça, tous les autres réagissent immédiatement et provoquent l’effondrement brutal d’un marché pendant quelques minutes.
Vous voyez le problème : une surenchère de spoofings, un mouvement de panique des ordinateurs pire que celui des humains…
Les marchés ne sont pas plus rationnels, et les traders (ou investisseurs) humains ne sont pas avancés.
D’autant que la « panique » des investisseurs-ordinateurs peut elle-même déclencher une panique des investisseurs-humains. Vous parlez d’un effet domino…
Analyse fondamentale : la voie royale pour des investissements rentables
Si vous êtes un investisseur humain – et je pense que c’est le cas, si vous me lisez – cela pose quelques problèmes.
Cela signifie que les cours de bourse ne sont pas une représentation fiable de la réalité.
Bien sûr, si vous tradez à court terme, l’analyse technique (lecture et interprétation des cours de bourse) est un bon outil.
Seulement, cela exige une formation sérieuse… et surtout, cela ne dit rien des tendances à long terme d’une entreprise.
Vous ne risquez pas de faire des gains exponentiels là-dessus.
Car vous devez toujours garder à l’esprit que la valeur d’une entreprise est liée à son activité dans le monde réel – ses fondamentaux.
C’est sur ces fondamentaux que se basent les hypothèses d’investissement des experts américains avec qui je travaille.
Ils ne passent pas des heures à évaluer si le cours d’une action est pollué à cause des émotions humaines et des imperfections des algorithmes.
Ils partent du principe que le cours de bourse est un indicateur parmi d’autres…
Mais leurs analyses sont plus profondes :
- Que fait cette entreprise ? À quel besoin répond-elle ?
- Quelle est sa taille ? Quelle est la taille de son marché ?
- Son service va-t-il être plus populaire à l’avenir ?
- Quelles sont ses forces ? Que fait-elle que ses concurrents ne font pas ?
- Combien ça vaut ?
Ce sont bien sûr des experts de l’analyse financière… Mais ce sont surtout des analystes du monde réel.
Ils sont d’anciens chefs d’entreprise, cadres d’entreprises technologiques, spécialistes d’un secteur en particulier, experts en biotech, pros de la blockchain…
Leur philosophie, c’est de miser sur la croissance d’entreprises dont la technologie va changer le monde.
Ne pas jouer au poker en se basant sur des graphiques… mais accompagner le sens de l’Histoire et les grandes révolutions.
Je vous révèle ici leurs dernières découvertes à propos d’une technologie ahurissante, qui est en train de construire “le monde de demain”.
Amicalement,
Marc Schneider
Bonjour,
Merci pour la qualité et l’excellence de vos lettres, et pour la pertinence et la richesse du programme Profits Asymétriques.
Je partage tout à fait votre point de vue ainsi que votre analyse de la psychologie du marché et je trouve que la lecture de l’écosystème complet d’une entreprise, c’est-à-dire une analyse exhaustive de tous les éléments qui influencent son fonctionnement, peut être déterminante pour réaliser des gains exponentiels dans le monde de la bourse et de l’investissement. En examinant non seulement les aspects financiers tels que les revenus, les bénéfices et les ratios financiers, mais aussi les facteurs externes tels que la concurrence, les tendances du marché, les réglementations gouvernementales, la technologie, l’innovation et la culture d’entreprise, et c’est ainsi que les investisseurs peuvent prendre des décisions plus éclairées en se basant sur une analyse exhaustive d’une action.
Une approche holistique de l’évaluation des entreprises permet d’anticiper les opportunités ou les risques potentiels qui peuvent impacter la valeur d’une entreprise à long terme. Par exemple, en identifiant les tendances émergentes dans l’industrie d’une entreprise, les investisseurs peuvent prendre position avant que le marché ne réagisse, réalisant ainsi des gains significatifs.
En ce qui concerne le facteur psychologie du marché de la bourse, il est souvent considéré comme l’un des principaux déterminants de la tendance haussière ou baissière du marché. Et le facteur Emotions des investisseurs, telles que la peur et la cupidité, peuvent influencer leurs décisions d’achat ou de vente de titres. Lorsque les investisseurs sont optimistes et ont confiance dans l’économie, ils sont plus enclins à investir, ce qui entraîne une tendance haussière des prix des actions. Au contraire, lorsque les investisseurs sont pessimistes et craignent une récession ou une crise économique, ils ont tendance à vendre leurs actions, ce qui entraîne une tendance baissière des prix.
Donc, je trouve cette analyse bien pertinente sur la psychologie du marché qui peut être influencée par de nombreux facteurs tels que les nouvelles économiques, politiques ou géopolitiques, les rapports trimestriels des entreprises et même l’effet de groupe. Comprendre et anticiper ces facteurs psychologiques peut aider les investisseurs à prendre des décisions plus éclairées et à tirer parti des fluctuations du marché.
Et c’est pour cette raison et après avoir pris connaissance de vos publications, que je me suis abonnée à votre programme et lettres.
Bien Cordialement,
Hanen MASTOURI
L’investisseur voit sur le moyen long terme.
Dans cette optique l’analyse objective d’une entreprise cotée en bourse en écartant le côté émotionnel, les biais psychologiques ou l’aspect comportemental, sera votre seule et unique alliée.
Le trader voit sur le court terme.
Dans cette optique, l’aspect psychologie des marchés, les effets de groupe ou l’analyse comportementale, me semblent prépondérants quand on veut trader la tendance, haussière ou baissière, peu importe.
Investisseur vs trader, il ne faut pas les opposer, mais juste switcher son « logiciel cérébral » ou son mindset, selon que l’on prend l’habit de l’un ou de l’autre.